La tension est à son comble à Gao. Dans ce champ de bataille, marqué par le double attentat suicide commis par les groupes terroristes en repli dans le nord du Mali, la guerre asymétrique a imposé une perception nouvelle de la mission, lancée, il y a un mois, jour pour jour, pour stopper nette la progression vers le sud des groupes terroristes chassés des villes occupées de Gao, Tombouctou et de Kidal, et retranchés, plus au nord, dans les zones désertiques du massif des Ifoghas. Mission accomplie ? Le constat de la libération de « l'essentiel du territoire malien » a été, à cet effet, établi par le président français, François Hollande. Le satisfecit se légitime par la fin de l'occupation et de la menace terroriste. « Aucune ville n'est occupée par un groupe terroriste, aucun des réseaux ou groupes qui, jusque-là, mettaient en péril la vie des Maliens, n'est capable de mener une véritable offensive », a assuré François Hollande. Mais le défi reste présent. A Gao, l'armée française s'affairait à « traiter », lundi, le commissariat en ruine, pilonné pour éliminer les terroristes qui y ont trouvé refuge, après avoir mené la veille des combats de rue (2 terroristes et 3 civils tués, 15 civils et 2 soldats maliens blessés). Le marché a été fermé par mesure de sécurité. Et, la vigilance reste de mise dans cette grande ville du nord, visée par deux attentats suicides en 24 heures. C'est dire que la reprise, en deux semaines et sans résistance, des trois grandes villes du nord ne signifie nullement la fin de la guerre contre le terrorisme qui ne fait que commencer. « Nous devons poursuivre non plus la libération d'un territoire, mais (sa) sécurisation », a lancé le président français. La thèse de la guerre-éclair est donc exclue. C'est du moins l'avis du général Desportes, l'ancien directeur de l'Ecole de guerre française, affirmant que la guerre est partie pour durer « très longtemps ». Il a soutenu que « dès lors qu'elle s'est engagée, la France est responsable de ce qui se passe dans ce pays. Si elle part trop tôt et que, dans la foulée, la situation se dégrade, Paris en portera la responsabilité ». Pour lui, la mission a déjà changé de nature : la fin de la guerre par l'établissement de la gouvernance et le lancement des projets de développement. Le calendrier du retrait des troupes françaises, étroitement lié au déploiement de la Misma, souffre des incertitudes entourant la présence des Casques bleus au Mali, nées des réticences de Bamako.