Le pain n'est plus ce qu'il était, il y a quelques années. Beaucoup de boulangeries fournissent un produit de mauvaise qualité. « Du caoutchouc », comme le qualifient certains consommateurs. Quant à son prix, si l'Etat a fixé à 8,5 DA la baguette, certaines boulangeries ne se gênent pas pour la revendre à 10 DA. La raison ? « La marge bénéficiaire n'étant pas conséquente pour couvrir leurs frais, les boulangers réduisent la quantité des matières premières nécessaires. C'est ce qui influe sur la qualité du pain et sur le poids de la baguette », expliquent des boulangers dans une conférence de presse organisée, hier, au siège de l'UGCAA (Union générale des commerçants et artisans algériens). Et si la baguette de pain est vendue plus chère « c'est parce que les prix des matières premières ont augmenté », soutient Idriss Abada, boulanger à Alger. « C'est un moyen comme un autre pour s'acquitter et des factures et des salaires », justifie-t-il. Pour les boulangers, le pain serait de meilleure qualité si le ministère du Commerce tient sa promesse, concernant l'augmentation de la marge bénéficiaire, à partir du mois de mars. Parmi ces propositions, réduire les taxes et les impôts, soutenir financièrement les boulangers pour l'achat des machines par des crédits à zéro intérêt et faire participer les pouvoir publics dans le règlement des factures et des salaires des employés. « Peu importe la formule, l'essentiel, c'est de nous aider à faire face aux dépenses. Car c'est la faiblesse de notre marge bénéficiaire qui a conduit à l'émergence de boulangeries informelles et à la fermeture de 2.000 boulangeries », souligne Omar Amer, porte-parole des boulangers d'Alger en affirmant que cette situation a poussé des boulangeries légales à vendre le pain sur les trottoirs, y compris dans le sud du pays. D'ailleurs, les boulangeries de cette région se plaignent des frais supplémentaires liés au transport qu'ils doivent honorer. « Nous avons des moulins dans le sud mais ils ne produisent pas une farine de bonne qualité. Nous nous approvisionnons auprès des Moulins de l'ouest, notamment, où la qualité est meilleure. Mais cela nous coûte cher, car nous sommes tenus à suporter les frais du transport », confie Abdelghani Abraoui, porte-parole des boulangeries de Béchar. « La facturation de l'électricité du mois de mars à octobre est fort élevée à cause de la chaleur, évoque pour sa part Badis Bouhafsi, boulanger à Béchar. A causse de cette chaleur, poursuit-il, nos employés nous quittent pour s'orienter vers d'autres activités. C'est ce qui a réduit notre production de pain », ajoute-t-il.