Malgré le très fragile accord de paix (signé en février à Addis-Abeba, en Ethiopie, sous l'égide de l'Union Africaine) qui lie le Soudan à son voisin du Sud, et les déclarations de bonnes intentions, régulièrement exprimées par leurs responsables, les relations entre les deux pays demeurent tendues, à la limite d'un nouveau conflit armé, notamment dans les régions objet de litige. L'armée soudanaise a envoyé, cette semaine, des centaines de soldats en renfort dans la région du Nil bleu, suite à des informations sur de nouveaux affrontements avec des rebelles, à Damazin, une ville stratégique frontalière du Soudan du Sud. Selon le Centre soudanais des médias, proche de l'appareil de sécurité, un bataillon est arrivé au chef-lieu du Nil bleu, et deux autres y sont attendus afin « d'améliorer la sécurité au Nil bleu (...) et de nettoyer la région des rebelles ». L'armée soudanaise tente, depuis l'été 2010, d'asseoir son autorité face à des rebelles que Khartoum estime soutenus par le Soudan du Sud. Dimanche dernier, les rebelles de la branche nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes), ont annoncé avoir progressé jusqu'à Kourmouk, ce que l'armée soudanaise, qui a pris le contrôle de la ville en novembre 2011, a démenti. Cette semaine, plusieurs sources ont rapporté qu'il y avait eu des combats à Kourmouk, à 240 km au sud de Damazin, les plus intenses depuis un an dans cette région. Sur l'autre front, dans l'Etat sud-Darfour, au moins sept personnes ont été tuées et quatre autres blessées, vendredi, dans des affrontements entre les tribus Al-Gimir et Bani Halba. Selon la police soudanaise, le bilan pourrait s'alourdir, en raison de la situation tendue entre les deux parties, mais réaffirme la nature tribale du conflit. De nombreux responsables au sein du gouvernement soudanais avaient été envoyés sur place pour apaiser la situation. Cette nouvelle violence intervient alors que les Etats-Unis ont mis en garde, mardi dernier, contre une nouvelle décennie de guerre dans le Darfour en cas d'échec des efforts politiques. Washington appelle toutes les parties à travailler ensemble pour mettre fin aux violences sans conditions préalables.