Le président soudanais Omar el-Béchir a déclaré vendredi l'état d'urgence dans l'Etat du Nil bleu et chargé un commandant militaire de gouverner cet Etat de l'est du Soudan où se déroulent des conflits armés. Selon un décret présidentiel, le Parlement soudanais va tenir une session d'urgence pour examiner cette décision du président. Le président soudanais a pris cette décision au lendemain de l'éclatement des combats dans cette région entre l'armée gouvernementale et l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA). Les affrontements se sont produits dans la nuit de jeudi à vendredi après un regroupement de troupes dans l'Etat du Nil bleu, et alors que des combats font rage depuis trois mois dans l'Etat proche du Kordofan-Sud. Le Nil bleu et du Kordofan-Sud sont limitrophes du Soudan du Sud, indépendant depuis le 9 juillet après des décennies d'un conflit meurtrier avec Khartoum qui a parfois débordé dans ces deux Etats du Nord, une partie de leur population soutenant les Sudistes. «Dans un nouvel acte d'agression et une extension de ce qui se passe au Kordofan-Sud, les forces de défense populaires (liées à l'armée) et les troupes soudanaises ont déclenché une attaque contre les positions de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA-sudistes) à Damazin après minuit», a affirmé dans un communiqué le SPLM-Nord, la branche politique de la SPLA et principal parti d'opposition au Soudan. L'attaque a visé en particulier la résidence du gouverneur Malik Agar, président du SPLM-Nord, à Damazin, la capitale de l'Etat. L'offensive s'est ensuite intensifiée, visant toutes les positions de la SPLA, a encore indiqué le SPLM-Nord. Selon des témoins, les violences ont forcé des milliers de citoyens à fuir Damazin, certains vers Singa, à environ 200 km plus au nord. Le porte-parole de l'armée soudanaise, Sawarmi Khaled Saad, a confirmé qu'il y avait eu des combats mais affirmé que la SPLA en était à l'origine. L'ONU et des organisations de défense des droits de l'Homme ont vivement critiqué Khartoum ces derniers jours, accusant M. Béchir de ne pas avoir tenu sa promesse, d'autant que plusieurs rapports évoquent de possibles crimes de guerre. Valerie Amos, chef des opérations humanitaires de l'ONU, a prévenu mardi que plus de 200.000 personnes affectées par les combats au Kordofan-Sud risquaient «des niveaux potentiellement catastrophiques de malnutrition et de mortalité».