Lors d'une conversation téléphonique avec son homologue égyptien, le président Obama a rendu responsable Morsi de la « protection des principes démocratiques » et appelé « tous les groupes politiques à œuvrer au consensus et à faire progresser la transition ». Le remède miracle vaut encore plus pour le principal allié régional, le second récipiendaire de l'aide extérieure américaine, derrière Israël, avec 1,5 milliard de dollars. La relation stratégique privilégiée avec la « nouvelle Egypte » de Morsi hérite du satisfecit de Kerry réaffirmant sa « reconnaissance au président Morsi » pour son rôle décisif en faveur du cessez-le-feu de novembre 2012 conclu entre Hamas et Israël. Un responsable du département d'Etat s'est félicité de la « constante bonne conversation entre Israéliens et Egyptiens sur les dossiers chauds de Ghaza et du Sinaï ». L'impératif de la stabilité est jugé « essentiel » pour promouvoir le dialogue entre les diverses factions et favoriser la recherche des « compromis significatifs » validés par Kerry multipliant les rencontres avec les autorités, notamment le président Morsi et le ministre de la Défense, Abdel Fattah al-Sissi, mais aussi les représentants de la société civile. « Je parlerai au président Morsi des moyens spécifiques par lesquels les Etats-Unis, le président Obama, voudraient être impliqués, qu'il s'agisse d'aide économique, d'appui au secteur privé ou de soutien aux exportations égyptiennes vers les Etats-Unis », a-t-il dit. Mais, il devra faire avec la méfiance, sinon la grande hostilité, de l'opposition criant à l'ingérence et à la grogne des manifestants brûlant la photo de Kerry en signe de protestation. Ni Hamdeen Sabahi, ni Mohamed Baradeï n'ont accepté le principe de l'entrevue avec le secrétaire d'Etat, accusé de faire pression pour garantir leur participation aux législatives d'avril.La rencontre avec Amr Moussa a été donc une opportunité pour défendre la neutralité des Etats-Unis qui « ne s'ingéraient pas, ne prenaient pas position pour un gouvernement, une personne, un parti, une idéologie ». Le retour à la stabilité passe évidemment par la relance de l'économie qui souffre d'un effondrement des investissements étrangers, de la chute des recettes tourisques et de l'instabilité. Aux milieux d'affaires égyptiens, le secrétaire d'Etat a souligné la nécessité de parvenir à un accord avec le FMI (4,8 milliards USD), gelé en raison des troubles, pour redonner « confiance aux marchés ». En 2011, la promesse d'un allégement de la dette de l'Egypte vis-à-vis des Etats-Unis, estimée à un milliard de dollars (dont 450 millions sont en négociation), matérialise le soutien de l'administration américaine à « la nouvelle Egypte » de Morsi enlisée dans un cycle de violence, notamment à Port Saïd, à Ismaïliya et à Suez, lançant un mouvement de désobéissance pour la 3e semaine consécutive, rejoint en définitive par la province de Mansourah en ébullition. La crise politique et sécuritaire reste le défi majeur de la transition à multiples inconnues.