A Bethleem, l'esprit de la « 3e intifada » s'est levé pour accompagner la visite de toutes les désillusions. Des Palestiniens en colère ont vandalisé le portrait d'Obama qui se prépare, pour la première fois depuis son élection en 2008, à prendre pied au Proche-Orient les mains vides. Accompagné de son Secrétaire d'Etat, John Kerry, le président américain, qui effectuera une tournée du 20 au 22 mars, en Israël, en Palestine et en Jordanie, se rendra à Ramallah (siège de l'Autorité palestinienne) et à Bethleem, abritant la basilique de la Nativité, pour mesurer la détresse d'un peuple pliant sous le joug du « néo-apartheid » et privé même de son droit au rêve qu'Obama n'a pas su concrétiser. Il est admis que tous les paramètres de l'espoir, suscité depuis 2009 par le discours du Caire et renforcé par le souhait formulé en septembre 2010 d'une Palestine membre à part entière à l'ONU, ont viré au rouge de la déception. « Il n'y a pas grand-chose à attendre de la visite » sans plan de paix pour les 80% de Palestiniens qui ne relèvent plus, selon un sondage publié cette semaine, aucune différence entre Washington et Tel Aviv. L'analyste en géopolitique et directeur du Think thank « Masarat » de Ramallah, affirme que « la plupart des Palestiniens ne croient pas qu'Obama puisse leur donner quoi que ce soit. Ils voient cette visite comme une sorte de visite de courtoisie pour montrer qu'il y a un processus de paix, alors qu'ils savent très bien qu'il n'y a pas de processus de paix, il y a seulement un processus, mais pas de paix ». Dès lors, même si de « grands espoirs » ne sont pas fondés dans cette visite exploratoire, le président Mahmoud Abbas revendique de « vraies négociations » pour aboutir, dès cette année, à un accord politique sur la création des deux Etats. Le commissaire de l'OLP aux Relations extérieures sonne l'alerte. « Les Etats-Unis doivent comprendre que la paix sert leurs propres intérêts ». Evident : la création du « climat favorable et d'écoute » pour Obama, rendu « responsable de tous les engagements antérieurs pris par les Etats-Unis », a pour objectif de l'inciter à « traduire ce qu'il voit et entend ici en quelque chose de réalisable ». Les urgences de la paix, torpillée par la répression tous azimuts, la colonisation et les violations systématiques des droits de l'Homme, appellent à un plus grand investissement du parrain du processus de négociations. A deux jours de l'arrivée d'Obama, l'accélération du programme de construction de 400 logements dans les colonies de Cisjordanie, considérée, par l'Union européenne, comme une menace à la « solution des deux Etats », affiche nettement la volonté israélienne de tourner le dos à un règlement juste, pacifique et définitif du conflit israélo-palestinien. Que fera Obama ?