La Centrafrique, un pays aux richesses du sous-sol inexploitées (uranium, or, pétrole, diamants), plonge dans l'inconnu. Les rebelles de la coalition Séléka, qui enchaînent, depuis le 10 décembre, victoire sur victoire face aux forces armées centrafricaines, qui n'ont réellement jamais opposé une vraie résistance, avant de stopper leurs opérations militaires sous la pression internationale à 75 km au nord de Bangui, ont pris, hier, le palais présidentiel au terme d'une offensive-éclair. Le président François Bozizé, arrivé au pouvoir par les armes il y a dix ans, a fui en République démocratique du Congo. « Les rebelles contrôlent la ville et tiennent tous les points stratégiques de la capitale. J'espère qu'il n'y aura pas de représailles », déclare Gaston Mackouzangba, le porte-parole du chef de l'Etat. Raison de cette « rupture » de la trêve signée à Libreville le 11 janvier à l'expiration de l'ultimatum fixé au 20 mars : le non-respect par le président des accords de paix. Parmi ceux-ci, la formation d'un gouvernement d'union nationale, la tenue d'élections législatives anticipées, l'intégration des rebelles dans l'armée et le retrait des troupes congolaises, camerounaises, tchadiennes et gabonaises. Selon les responsables du Séléka qui avaient donné 72 heures à Bozizé pour respecter les accords de Libreville, les concessions consenties par le pouvoir et à la dernière minute sont « insuffisantes et trop tardives ». Le président a signé, mercredi dernier, deux décrets, dont l'un porte sur la libération des prisonniers politiques. François Hollande, qui a refusé son soutien au régime Bozizé au début de cette année, a envoyé 250 hommes à Bangui pour sécuriser l'aéroport et assurer la sécurité des 1.250 Français résidant pour la plupart dans la capitale. Il a demandé aussi une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. Ici et là, on se demande comment les rebelles ont pu facilement rallier la capitale défendue par les forces armées appuyées par les 400 hommes de la Communauté économique des Etats de l'Afrique Centrale et un contingent sud-africain. Le président tchadien, Idriss Deby Itno, affirme que son pays n'acceptera pas « une prise de pouvoir par les armes ni la remise en cause du gouvernement actuel ».