Ces femmes de l'Algérie profonde qui le courage et la force de caractère unis en elles ont pu émerger de l'anonymat, Madame Arbaoui en fait partie. Ce, sont, d'autres, femmes, qui, louent, la témérité de cette dame de Touggourt, mettant en exergue cette sexagénaire afin de mener à bien son projet. Madame Arbaoui ne dira rien de ses souffrances, de son engagement, de sa témérité pour atteindre la place durement arrachée dans ce sud algérien où chaque femme qui a pu gagner une au soleil est un exemple. De la discrétion ou de la timidité ? En tout cas elle n'est pas du genre à se laisser envahir par le coté négatif des choses de la vie. A la tête d'un centre de formation privé pour jeunes filles, Madame Arbaoui initie les apprenties à la « broderie de Touggourt. Un art ancestral qui a eu de beaux jours et qui tend peu à peu à regagner sa place. Le centre privé de formation à la broderie « Assala » se trouve sur un ancien site d'apprentissage et a été pris en charge depuis 1995 par Madame Arbaoui. Il faut une forte dose de détermination pour, bousculer, les traditions fortement ancrées d'une société traditionnelle. « En 1995, le nombre de jeunes stagiaires pouvait atteindre 300 filles pour une durée d'initiation de trois ans. Actuellement, nous recevons entre 25 et 30 sur une durée de 2 ans », indique Mme Arbaoui. L'apprentissage est dispensé gratuitement aux jeunes brodeuses. Celles-ci en retour se délaissent des travaux d'aiguille qu'elles ont réalisé durant la période d'initiation. C'est avec la vente de ces produits artisanaux que les charges du centre sont honorées, le loyer (5000 Da par mois), l'électricité, l'eau et autres travaux d'entretien. Tout en la personne de Madame Arbaoui reflète la sérénité et la quiétude. Son vœu, est que la broderie de Touggourt patrimoine ancestral ne disparaisse pas. Il fut un temps où nous recevions des commandes natamment de France de l'étranger, « Aujourd'hui, ce sont les ministères et autres institutions qui se rapprochent de nous pour des commandes. C'est plus que de l'artisanat, un art que nos aïeules appréciaient pour orner leurs vêtements et habits. Pour ma part, je suis un peu triste car ma fille ne veut pas prendre ma relève à la tête du centre de formation. Elle trouve que la gestion d'une telle structure demande trop de don de soi… », dit-elle. Madame Arbaoui, parle de son art comme on parle de poésie. Elle décrit les couleurs et teintes employées se référant aux racines berbères. Le vert est inspiré des rameaux du palmier dattier, le jaune foncé du soleil, le jaune clair du sable… «L'environnement saharien et l'inspiration berbère nous ont inspiré nos teintes». Tout cela dit avec une voix calme et douce. « Elle ne peut qu'être admirée et admirable », selon les propos d'un conservateur de musée qui ne tarit pas d'éloges envers cette dame qui a baptisé son école « Assala » faisant référence à l'authenticité de la broderie de Touggourt.