Le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, est revenu sur le processus d'évaluation des réformes éducatives, initié par le ministre de l'Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed. Pour lui, le processus nécessite du temps. Sentence : les assises ne doivent pas se tenir la semaine prochaine. Le ministère de l'Education nationale a engagé, dernièrement, une large concertation avec l'ensemble des acteurs et partenaires sociaux du secteur afin de procéder à une évaluation de l'étape de l'enseignement obligatoire. Comment se sont déroulées les consultations ? Des consultations ont eu lieu au niveau des établissements, puis au niveau des wilayas et par la suite, au niveau régional. Il y a eu la participation des partenaires sociaux, des parents, des enseignants ainsi que des représentants des élèves. L'évaluation d'un système éducatif nécessite beaucoup plus de temps, elle doit suivre une méthodologie bien particulière, à savoir évaluer objectif par objectif et remédier, éventuellement, aux lacunes constatées, et c'est pour cette raison qu'on a toujours dit que le dernier mot revenir aux spécialistes des sciences de l'éducation. Les assises sur le système éducatif se tiendront du 9 au 11 avril. Peut-on dire qu'il y a, cette fois-ci, une volonté de réformer les réformes ? Les assises ne doivent pas se tenir le 9 avril prochain. C'est trop tôt. On doit laisser suffisamment de temps aux spécialistes pour pouvoir faire une synthèse nationale. Il y va de l'avenir des générations futures. Il y va, aussi, de l'avenir de notre nation, donc, il s'agit de ne pas se précipiter. Evaluer la réforme, corriger les erreurs éventuelles, ce n'est pas réformer la réforme, il s'agit de rester dans le même esprit de réalisation de la réforme de Benzaghou qui, faut-il le signaler, n'est pas appliquée dans sa totalité. Et là, on se pose la question : pourquoi ? Le ministre de l'Education nationale a affirmé que le processus d'évaluation ne touchera pas les soubassements des réformes de son prédécesseur, Boubakeur Benbouzid. N'y a-t-il pas nécessité d'aller vers une réforme profonde ? Je crois que l'application dans la globalité de la réforme de Benzaghou peut mettre fin à beaucoup d'incohérences. Mais, on doit commencer, car un long travail d'éducation et de prise de conscience reste à faire. On doit apprendre à nos jeunes l'amour de la vérité, de l'authenticité, de la franchise et du travail. On doit prendre soin de nos programmes scolaires et pour ce faire, on doit investir énormément dans la formation des enseignants. Que l'on y enseigne la neutralité du savoir qui exerce à l'objectivité et à la rigueur des disciplines scientifiques, et non des idéologies du parti pris qui forment l'esprit obtus et mènent aux chaos que l'on a vécus lors de la décennie noire. On doit combattre tous les risques d'aliénation, toutes ces forces d'incohérence qui sollicitent et, parfois, emportent notre jeunesse. En un mot, on doit s'engager dans le dur et long combat qui permet à notre peuple de s'affranchir de la résignation, du fanatisme et du fatalisme. Nos élèves doivent avoir une autonomie de réflexion. En dépit de l'amélioration quantitative des résultats des examens de fin d'année, essentiellement le bac, des lacunes subsistent toujours dans l'apprentissage des langues, le volume des programmes et le nombre d'élèves par classe... Les résultats du bac ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt. Enormément d'efforts doivent être consentis sur le plan qualitatif. Une politique d'apprentissage des langues doit être mise en place, des méthodes d'apprentissage aussi. Il faut privilégier la méthode syllabique à la place de la méthode globale. Quant à la surcharge des classes, sincèrement, on doit avoir les moyens de sa politique. La réforme Benzaghou se base sur une classe de 25 élèves. Actuellement, on a des classes qui dépassent le nombre de 45 élèves. Un autre frein pour le volet qualitatif.