L'avenir de l'école continue de faire réagir les partenaires sociaux. Hier, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) a rendu public son questionnaire sur la réforme du système éducatif lors d'une conférence de presse animée, à Alger, par son SGl, Idir Achour. Le formulaire repose sur quatre volets principaux : l'enseignement des mathématiques et des langues, l'apprentissage des autres matières et, enfin, l'approche par compétence. Le questionnaire a touché plus de 400 enseignants repartis à travers le territoire national. Résultats : d'abord, l'enseignement des mathématiques. L'enquête annonce que 70% des élèves ont un niveau faible, 20% un niveau moyen alors que 10% possèdent un bon niveau. Le document note l'incohérence de l'enseignement de cette matière par rapport au programme scolaire comme il n'a pas manqué de souligner un manque flagrant de connaissance. Les enseignants font face à des problèmes de surcharge de classe (60%), de non-adéquation des programmes (25%), du manque de moyens pédagogiques (25%) et de méthode d'apprentissage (20%). Suggestion : revoir et le programme et la méthodologie de façon à créer une adéquation parfaite entre les deux concepts. CES ENSEIGNANTS QUI IGNORENT LA NOTION DE L'APPROCHE PAR COMPETENCE Deuxième volet : l'enseignement des langues, notamment l'arabe, le français et l'anglais. Dans ce domaine, les performances ont été confirmées. Le questionnaire fait état de 40% des élèves qui ont un niveau faible, 35% moyen et 25% un bon niveau. Deux langues font l'exception. Il s'agit de l'allemand et de l'espagnol dans lesquelles les élèves ont un niveau appréciable. Un état de fait qui s'explique par l'enseignement de ces langues dès la deuxième année secondaire. La surcharge des classes (70%), la non-adéquation du programme (50%), le manque de moyens pédagogiques (30%) et la méthode appliquée dans l'enseignement (10%) sont, entre autres, obstacles mis en avant par les enseignants interrogés. Le constat n'est pas meilleur pour les autres matières. Là, uniquement 25% des élèves ont un bon niveau alors que 40% ont un niveau moyen et 35% un niveau faible. L'inadéquation du programme avec les méthodes d'enseignement est, une nouvelle fois, pointée du doigt par 35% des enseignants. Le dernier aspect est lié à l'approche par compétence. Les résultats sont préoccupants : 74% des enseignants ont donné des explications confuses sur la notion de l'approche par compétence, 7% ont fourni une fausse définition et 15% étaient sans avis. Ce n'est pas tout. 75% des enseignants affirment ne pas disposer des moyens pédagogique nécessaires à même d'assurer un enseignement selon les exigences de cette nouvelle pédagogie, 49% estiment qu'ils ne sont pas à l'aise avec cette méthode d'enseignement qui, selon eux, ne peut être appliquée eu égard à la surcharge des classes. REHABILITER LE POUVOIR PEDAGOGIQUE Pour le SG du CLA, ces résultats dénotent d'une manière « éclatante » l'échec scolaire en Algérie avec, comme produit, des élèves qui n'arrivent pas à maîtriser les trois principes de base de l'enseignement à savoir, la lecture, l'écriture et le calcul. A titre d'exemple, sur les 718 311 inscrits en 1ère année primaire, pour l'année scolaire 1999/2000, 150 000 seulement ont pu décrocher le bac. Pour lui, ces chiffes sont officiels puisqu'ils ont été tirés du livre intitulé « Réforme de l'éducation en Algérie », de l'ex-ministre Aboubekeur Benbouzid. Idir Achour notera la non-adéquation du programme scolaire avec, aussi bien la réalité algérienne que l'identité nationale. Il a déploré le fait que le secteur de l'éducation soit divisé entre deux parties. L'une qui planifie, faisant cavalier, et l'autre qui exécute. Mais au-delà de toutes ces lacunes, Achour Idir soutient que 72% des enseignants estiment que les élèves issus des réformes ont un niveau scolaire nettement meilleur que ceux du système fondamental. Solutions ? Le SG du CLA soutient la nécessité de réhabiliter le pouvoir pédagogique qui doit passer avant le pouvoir administratif, d'alléger les programmes, de réviser les méthodes d'apprentissage, de mettre en place des structures d'accueil adéquates à même de rendre agréable la scolarité des élèves, sans oublier de prémunir l'école des poussées idéologiques.