Les grandes manœuvres navales américano-sud-coréennes ont commencé. Elles s'inscrivent dans une série de 10 exercices dont le premier doit s'achever le 28 juillet. La démonstration de force, mobilisant des moyens humains importants et un arsenal militaire, signe clairement une volonté de mettre sous hautes pressions le Nord récalcitrant et coupable de résistance à l'hégémonie américaine. Près de 8.000 Américains et Sud-Coréens, une vingtaine de navires et sous-marins, dont le porte-avions George Washington, et environ 200 avions, incluant le chasseur furtif F-22 Raptor, participent à ces manœuvres d'envergure. Selon un porte-parole militaire américain, « l'USS George Washington a quitté le port de Busan et se dirige vers la mer du Japon. » D'autres navires ont également quitté Busan et Jinhae, un autre port proche, avec des éléments de la 7e flotte américaine qui les rejoindront au large de la côte orientale de la péninsule coréenne, ont ajouté des responsables du ministère sud-coréen de la Défense. Mais, en raison des protestations chinoises, l'exercice a été déplacé de la mer Jaune, considérée comme une zone sensible, à la mer du Japon, cependant qu'il est affirmé que les prochains exercices se dérouleront sur ces deux mers. Le « message fort », destiné à faire cesser le « comportement agressif » de la Corée du Nord, plonge la péninsule dans un climat de tension lourd de conséquences sur la paix et la stabilité régionales. Il se nourrit de symbolique, marqué par le passage de Hillary Clinton et de Robert Gates du département d'Etat et de la Défense à la frontière intercoréenne aux côtés de leurs homologues sud-coréens, et se légitime par le souci d'endiguer la menace nucléaire du voisin encombrant accusé de tous les maux. L'affaire du nauffrage du navire de guerre, le Cheonan, a constitué un alibi et l'élément catalyseur de la stratégie d'isolement. « Toutes ces manœuvres guerrières ne sont rien d'autre que de pures provocations destinées à étouffer la République populaire démocratique de Corée par la force des armes », souligne l'agence KCNA, citant la commission de défense nationale. En conséquence, Pyongyang qui se déclare prête à une « guerre sacrée de représailles » menace de recourir à « une puissante dissuasion nucléaire. » Au cœur de tous les enjeux, l'arme nucléaire est brandie en riposte ultime. Sous le coup de sanctions économiques et financières, le Corée du Nord a décidé du renforcement de ses activités, conclues en 2006 et 2009 par des essais nucléaires. Un 3e essai est envisagé et pourrait conduire à une nouvelle expérience de fusion nucléaire. Cette nouvelle technologie peut être utilisée pour la fabrication des engins thermo nucléaires (la bombe H). C'est dire que tous les ingrédients d'un dérapage monumental existent. De retour, en reliques d'un passé jugé pourtant révolu, l'esprit de la guerre froide souffle puissamment dans une région bouillonnante d'incertitudes.