Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui retournera au Proche-Orient le 21 de ce mois, s'est entretenu, avant-hier, au téléphone avec le président de la Palestine, Mahmoud Abbas, des moyens de relancer les négociations entre Palestiniens et Israéliens au point mort depuis 2010. Comme pour freiner ces efforts, le gouvernement israélien a approuvé le jour même la construction de 296 logements dans la colonie de Beit El, en Cisjordanie occupée. Les Etats-Unis ont rapidement réagi pour souligner que la poursuite de la colonisation est « contre-productive » pour la paix. « Comme le président (Barack Obama) l'a dit, les Israéliens doivent reconnaître qu'une activité continue de colonisation est contre-productive pour la cause de la paix », a déclaré le porte-parole adjoint du département d'Etat, Patrick Ventrell. « Une Palestine indépendante doit être viable, avec de véritables frontières qui doivent être dessinées. C'est quelque chose que nous avons dit de nombreuses fois et notre position n'a pas changé », a ajouté le diplomate américain. La Paix Maintenant, une ONG israélienne, a estimé que « cette initiative prouve que (Benjamin) Netanyahu trompe tout le monde ». « D'un côté, il laisse croire qu'il freine la colonisation et de l'autre il autorise le lancement d'un énorme projet de construction », a déclaré Hagit Ofran, de cette ONG hostile à la colonisation. Le Premier ministre israélien avait, en effet, annoncé mardi dernier suspendre les appels d'offres pour de nouveaux logements dans les colonies. Pour les autorités palestiniennes, le gouvernement israélien essaye encore « de judaïser les territoires occupés » et de « saboter » les efforts américains pour relancer le processus de paix. C'est « un message adressé à l'administration américaine et un coup porté au processus de paix », a affirmé le négociateur palestinien Saëb Erakat, en dénonçant les incidents récents autour de la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville. « L'objectif est de plonger la région dans la violence plutôt que de parvenir à la paix et à la stabilité », a-t-il estimé. Le troisième lieu saint est, depuis quelques jours, théâtre de provocations causant des heurts. Le mufti d'El-Qods, Mohammad Hussein, a été arrêté mercredi dernier puis relâché six heures après suite à de vives condamnations. La veille, des milliers de juifs avaient défilé pour célébrer la prise de la ville en 1967. Hier matin, des militantes féministes juives ont prié pour la première fois dans l'Esplanade de la mosquée. Elles étaient protégées par la police israélienne.