La Direction de la culture de la wilaya de Relizane déploie actuellement d'intenses efforts pour redonner au tapis de Béni Rached sa renommée d'antan. En vue de concrétiser cet objectif, la direction a mis en place un programme d'action qui sera lancé bientôt pour relancer le tissage de ce tapis, activité limitée actuellement à quelques familles de la région d'El Kalaa, dans le sud-ouest de la wilaya. Le responsable du secteur a souligné à l'APS, qu'une session de formation des femmes artisanes sera lancée prochainement à la maison des métiers et de l'artisanat de Relizane, sous la supervision d'un expert turc. L'objectif étant de permettre aux intéressées d'acquérir le savoir-faire nécessaire pour améliorer la qualité du produit. D'autre part, l'unité de fabrication du tapis d'El Kalaa, à l'arrêt depuis de longues années, sera transférée vers le centre des compétences artistiques de la région pour la production de ce tapis. Elle devra également approvisionner les tisseuses de la commune d'El Kalaa en matière première, notamment la laine. Mise en service dans les années 70, l'unité d'El Kalaa, couvrant une superficie de plus de 3.700 m2, a cessé ses activités, une décennie plus tard en raison de la pénurie de la laine, de la hausse incessante du prix de cette matière et de la forte concurrence du tapis industriel et de son prix accessible à toutes les bourses, même les plus modestes. Pour encourager les femmes de la région à renouer avec le tissage de ce tapis, la direction du secteur prendra en charge, dans une première étape, la commercialisation du produit fabriqué au niveau de l'unité, et la promotion de ce tapis lors des différentes manifestations et salons locaux et nationaux. Selon certaines sources historiques, les premiers tapis d'El Kalaa de Béni Rached remontent au 16e siècle. D'autres situent les origines de ce travail artisanal aux premières années ayant suivi l'édification de la citadelle de Béni Rached, il y a neuf siècles. Pour sa part, Boualem Maaza, propriétaire d'un petit musée dans lequel sont exposés des objets familiaux et autres ustensiles hérités de génération en génération, estime que l'histoire de ce tapis remonterait à la chute de Grenade en 1492 et l'arrivée à El Kalaa des premiers artisans musulmans ayant fui l'Andalousie. Le tapis de la Kalaa de Béni Rached se distingue par son tissage dit « Makhmali » (en nœuds), inspiré du style andalou maghrébin. Ce métier est exclusivement féminin. Ce travail d'artisanat a gagné une grande renommée au fil des siècles. Ce tapis a été très prisé par les couches aisées de l'époque, considéré comme un bien précieux et rare, selon des sources historiques. La région d'El Kalaa a été au temps des Ottomans, pôle de rayonnement culturel, cultuel, scientifique et urbanistique. La citadelle demeure un vestige témoignant de la grandeur du site et nécessitant des travaux de réhabilitation et de restauration. C'est le cas de l'ancienne mosquée, édifiée en 1734 par le bey Bouchelagham et le cimetière ottoman. Cette région a donné naissance également à des savants et érudits. Elle est réputée pour ses 366 coupoles et mausolées de ses nombreux saints patrons.