Le trafic illicite des biens culturels a pris de l'ampleur, selon un rapport de la division de la police judiciaire de la Gendarmerie nationale. « Les trafiquants adoptent de nouveaux procédés et techniques dans un cadre structuré, ce qui lui donne l'aspect de criminalité organisée », souligne le rapport. En chiffres, plus de 10.458 pièces archéologiques ont été récupérées et 42 sites et cimetières antiques découverts durant la décennie 2000-2010. Afin de faire face à ce fléau, le commandement de la GN a organisé des formations de recyclage axées sur les techniques d'investigation, les procédures et le processus criminalistique au profit du personnel des unités spécialisées de la police judiciaire. Outre la formation, cette institution a mis en place un plan d'action basé sur l'exploitation du renseignement et l'occupation du terrain à travers le contrôle routier, surtout au niveau des villes frontalières, la mobilisation de patrouilles au niveau des sites archéologiques, de même que le contrôle des « offres » sur la toile. En effet, des trafiquants proposent la vente de pièces archéologiques volées sur des sites internet. La GN a également créé sept cellules et un bureau central pour une formation spécialisée de 22 gendarmes en matière de lutte contre l'atteinte aux biens culturels. Ce dispositif spécialisé offre un appui technique aux unités territoriales en matière d'enquête liée à ce domaine. Résultat : 23 affaires ont été traitées et élucidées durant le premier trimestre de l'année en cours ayant conduit à l'arrestation de 14 trafiquants. Les enquêteurs ont réussi à récupérer 375 pièces archéologiques. Durant l'année 2012, les mêmes services ont récupéré 495 pièces archéologiques. Le même rapport fait état de la dégradation de 11 sites archéologiques, qui ont subi des fouilles clandestines. La dilapidation des biens culturels a touché à toutes les époques (de la préhistoire à l'époque moderne), comme l'illustrent les pièces récupérées. Parmi elles, figurent deux statues représentant Jésus-Christ et Marie. La plupart de ces pièces sont exportées illégalement vers la France via la Tunisie, selon les investigations de la GN qui ont pu démanteler un réseau composé de quatre individus. Ce groupe a établi des contacts avec une Tunisienne en vue de planifier la vente d'objets d'art de différentes périodes, dont 68 pièces de monnaie, trois jarres en poterie, une lampe à l'huile en métal et cinq statues en bronze représentants des dieux romains.