img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P130520-16.jpg" alt="La "guerre des mosquées" fait rage" / En Irak, où les attaques visant mosquées sunnites et chiites se multiplient, les unes déclenchant les autres en représailles, la «guerre des mosquées» fait rage, à coups de bombes ou même d'obus de mortier. Les dizaines d'attaques lancées depuis le début de l'année ont attisé les tensions confessionnelles déjà importantes entre la minorité sunnite et la majorité chiite. Cela ravive le spectre des violences confessionnelles ayant fait des dizaines de milliers de morts après l'invasion américaine de 2003, et éloigne de nombreux fidèles des lieux de culte. «La fréquence des attaques réciproques contre des mosquées chiites et sunnites a augmenté», explique l'analyste politique Ihsan al-Shammari. «C'est une guerre des mosquées». Depuis l'invasion de l'Irak par une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, suivie par la chute de Saddam Hussein en avril 2003, les attentats sont devenus le lot quotidien du pays, ciblant notamment les civils et les forces de sécurité. A présent, les insurgés visent aussi les mosquées. Ainsi, un double attentat à la bombe vendredi à Baâqouba, à 60 kilomètres au nord-est de Baghdad, contre des fidèles sunnites après la prière hebdomadaire, a tué 41 personnes. Et jeudi, un kamikaze a déclenché sa ceinture explosive à l'entrée de la husseiniyah (lieu de culte chiite) d'Al Zahraa, à Kirkouk, dans le nord de l'Irak, faisant 12 morts selon la police. Selon cheikh Sami al-Massoudi, directeur-adjoint de l'Office des biens religieux chiites, plus de 45 mosquées et lieux de cultes chiites gérés par son département ont été touchés cette année. De son côté, un responsable des biens religieux sunnites rapporte que plus de dix mosquées ont été attaquées le mois passé. «Nous sommes menacés, à tel point que nous ne sommes pas allés au travail lundi dernier après avoir reçu des menaces», ajoute ce responsable sous le couvert de l'anonymat. Les responsables de ces attaques ne sont pas clairement identifiés. Les attentats contre les lieux de culte chiites sont très probablement le fait d'extrémistes sunnites. Mais les auteurs des attaques contre les mosquées sunnites peuvent aussi bien être des extrémistes chiites que des extrémistes sunnites reprochant aux fidèles de ne pas adhérer à leur vision rigoriste de l'islam. Mais quels qu'en soient les responsables, ces attentats ont eu un impact sur la fréquentation des mosquées en Irak. «Je ne vais plus à la prière depuis que la mosquée à côté de chez nous a fermé à cause des attaques», dont l'une a tué il y a deux semaines le muezzin qui lançait l'appel à la prière, affirme un témoin. «C'est arrivé devant mes yeux, comment est-ce que je pourrais y retourner? Ma femme et mes enfants m'en empêchent», dit-il. Un autre témoin, un chiite, indique que la fréquentation a également baissé dans les mosquées chiites. «Les gens sont maintenant réticents à aller dans les lieux de culte, mais je n'ai pas renoncé à y aller», dit-il. La tension monte entre le gouvernement de Nouri al-Maliki, de confession chiite, et les sunnites, qui l'accuse de marginaliser leur communauté et manifestent depuis plus de cinq mois pour réclamer son départ. Chaque mois depuis le début de l'année, les violences ont fait plus de 200 morts, avec un pic à plus de 460 en avril, d'après ce décompte. L'ONU a parlé de plus de 700 morts en avril. L'envoyé spécial des Nations unies Martin Kobler a estimé qu'il était de «la responsabilité de tous les dirigeants de faire cesser l'effusion de sang».