Plusieurs centres d'examen du bac ont connu des incidents sans précédent. Des candidats ont carrément quitté les salles d'examen en signe de protestation, notamment lors de l'épreuve de la philosophie. Ils estimaient que les cours sur lesquels étaient basées les questions ne leur ont pas été prodigués par leurs enseignants. Faux, lancent les syndicats du secteur. Le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) est catégorique : « Il n'y aucune raison qui justifie l'attitude des élèves. Cet état de fait ne s'explique nullement par la difficulté des sujets. Ces derniers sont tirés du programme enseigné », martèle-t-il. Quelle mouche a donc piqué des candidats pour réagir de la sorte ? Meziane Meriane soutient que les agissements des postulants sont les conséquences directes de la « politique de concessions » faites par le ministère aux élèves durant les précédentes sessions. « Ces derniers sont habitués aux facilités de la tutelle, notamment après la décision de limiter le seuil du programme de révision », dit-il. Pour lui, le ministre se doit d'agir afin d'éviter que ce genre de pratiques ne se reproduisent. Le chargé de communication du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Messaoud Boudiba, refuse catégoriquement de parler de sujets en déphasage avec le programme. Pour lui, la « révolte » des élèves s'explique par les « concessions » accordées auparavant par l'administration, notamment dans sa limitation, chaque année, du seuil du programme de révision. « Nous avons, en vain, alerté la tutelle sur les risques de cette décision. Mais du côté du ministère, on préfère faire des concessions aux élèves, habitués, ainsi, à la facilité », dit-il. « Sentiment d'impunité ! » Il a signalé en outre que ces derniers jours, des directions de l'éducation ont donné des instructions aux directeurs des centres d'examen et aux enseignants pour ne pas provoquer les élèves. « Par cette manière, les élèves ont pu développer un sentiment d'impunité. Le recours à la violence est devenu pour eux un procédé normal pour obtenir ce qu'ils désirent », a-t-il regretté. Il a rappelé aussi que le recours à a tricherie collective le jour de l'examen s'inscrit dans cette logique. Pour lui, « il est temps pour la tutelle de mettre un terme à sa politique de concessions et prendre les mesures qu'il faut ». Il se dit favorable à l'ouverture d'une enquête pour faire toute la lumière sur ce qui s'est passé lors des épreuves de philo et établir les responsabilités afin d'éviter ce scénario « qui fait malheureusement perdre au bac sa crédibilité ». Le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Achour Idir, a estimé, quant à lui, que les sujets étaient abordables. Mais, soutient-il, les élèves « sont habitués à la facilité depuis bien des années à commencer par la décision du ministère de limiter le seuil du programme de révision ». Ce qui s'est passé cette année est, lâche-t-il, « inacceptable » et « unique » dans les annales du baccalauréat en Algérie. Il a indiqué que c'est la résultante de l'Education, mais aussi de la « dégradation de l'échelle des valeurs dans notre pays ». La solution ? Achour Idir insiste sur la nécessité de réformer le système éducatif qui, selon lui, a démontré une fois de plus ses limites sur le terrain.