Fixer le seuil de référence de révision des sujets et des cours concernés par les épreuves du baccalauréat est devenu une tradition. Le ministre de l'Education vient de céder devant l'insistance des élèves qui réclament la limitation du champ de révision. Depuis le début du deuxième trimestre, plusieurs manifestations ont été organisées par des élèves de terminale à travers le pays. Le ministère de l'Education nationale a décidé donc l'arrêt des cours le 2 mai prochain, selon un communiqué du ministère. «Les cours s'arrêteront jeudi 2 mai 2013, date à laquelle seront définis les seuils fixant les limites du programme de référence qui servira à l'élaboration des sujets d'examen», rassure le département de M. Baba Ahmed, qui précise que «ces mesures seront portées à la connaissance de l'ensemble des candidats ainsi qu'à l'Office national des examens et concours (ONEC) afin de lui servir de référence pour l'élaboration des sujets d'examen du baccalauréat». Toutes les mesures prises lors des précédentes cessions du baccalauréat sont toujours en vigueur. Le ministère de l'Education nationale précise aussi dans le même communiqué que l'approche par les compétences ne sera pas appliquée durant cette session. Les syndicats autonomes des enseignants qualifient la mesure de Baba Ahmed d'«aberration». Depuis quelques années, des élèves réclament une réponse à «une préoccupation légitime» qui est la surcharge du programme «mais la solution revendiquée est une aberration pour leur avenir», estime Meziane Meriane, secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). Fixer le seuil des cours concernés par les épreuves d'un examen national est «antipédagogique», estime le même syndicaliste, qui dénonce l'attitude de la tutelle depuis plusieurs années consistant à céder devant la colère des lycéens en proposant des solutions relevant du bricolage au lieu d'une refonte réfléchie du programme et de son volume, pour «acheter une paix sociale au détriment de l'avenir de nos enfants», soutient M. Meriane. Les enseignants du Snapest dénoncent une «tendance qui se généralise chez les élèves qui veulent réussir à moindre effort». Paix sociale oblige Il est clair, selon M. Meriane, que les questions comprises dans les épreuves du baccalauréat ne peuvent concerner que les cours déjà dispensés. Des commissions d'évaluation ont toujours veillé à garantir ce principe, il est donc inexplicable l'attitude des élèves demandant la réduction, un peu plus chaque année, du volume des cours concernés par cet examen. «Cette attitude mène donc la tutelle à amputer, sans aucune norme pédagogique, le programme, ce qui diminue de la valeur du bac, qui devient un examen sur mesure, loin des critères internationaux», s'alarment les enseignants. De son côté, Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), estime que cette démarche consistant à charcuter le programme de terminale de toute une partie «était prévisible» dès la rentrée scolaire. Depuis plusieurs années, la question de la surcharge du programme est posée, mais «rien n'a été fait». En fait, ajoute M. Achour, la tutelle répond aux élèves en colère par une mesure «aberrante. C'est le prix d'une paix sociale au détriment de l'aspect pédagogique», précise le porte-parole du CLA. Selon une étude faite par ce syndicat, 70% des élèves reçus au bac échouent à la fin de la première année universitaire. «C'est en partie à cause du trou dans le programme et les critères d'évaluation retenus dans l'examen du bac.» Les enseignants sont unanimes à réclamer une «halte» pour évaluer les réformes en vigueur depuis presque dix ans. Les lacunes sont visibles, il est indispensable que les professionnels et les spécialistes de l'éducation se réunissent pour proposer des solutions. L'allègement du programme étant une des urgences exprimées.