A peine « rentré » des territoires syriens « contrôlés » par les rebelles, le sénateur américain John Mc Cain a appelé les Etats-Unis à hausser le ton face à Damas, non sans mettre en garde contre les « risques » de la présence d'Al-Qaïda sur le sol. L'élu qui compte pour l'aile dure des néoconservateurs US, exhorte la Maison Blanche à « renforcer son soutien aux rebelles » sinon à « établir une zone d'exclusion pour protéger l'opposition ». « L'Armée syrienne libre (ASL) a besoin urgemment d'armes et de munitions pour faire face à la machine de guerre d'Al Assad », a-t-il demandé. Le sénateur américain a expliqué que les alliés du « régime » de Bachar Al Assad « le soutiennent de plus en plus » citant la Russie, l'Iran, le Hezbollah et même des « combattants chiites d'Irak » qui sont, selon lui, impliqués dans la guerre. Au sujet du mouvement libanais, M. Mc Cain précise que « les combattants du Hezbollah ont envahi par milliers la Syrie » et qu'ils « se préparent à lancer des attaques contre Homs et Alep ». Sur un autre plan, la bataille d'El Qoussair remportée par l'armée syrienne, permet au ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al Mouallam, qui présidera la délégation de son pays à la réunion de Genève, de négocier en position de force. Pour autant, l'éventualité d'une attaque armée sur la base des « soupçons » qui pèsent sur Damas au sujet des armes chimiques, n'est pas envisageable de sitôt. Le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur), le général américain Philip Breedlove, a affirmé, hier, à Pristina au Kosovo (où est déployée une Force de l'Otan de maintien de la paix Kfor), que l'Otan ne planifiait pas pour l'instant une intervention. « Nous ne projetons pas d'opération en Syrie », a expliqué l'officier atlantiste, se contenant de rappeler que l'Alliance s'attelle, aujourd'hui, à « protéger » son « grand allié, la Turquie » avec le déploiement au début de cette année de missiles Patriot à proximité de la frontière avec la Syrie. Désamorcer la bombe Sur le « front » diplomatique, les efforts ses uns et des autres se poursuivent. La Russie et les Etats-Unis tiendront, dans les prochains jours, des consultations sur le problème des armes chimiques en Syrie, selon le ministre adjoint russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov. Les deux pays tenteront des désamorcer la « bombe » dans l'espoir de tenir la conférence internationale en juillet à Genève et pour laquelle le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov a insisté, jeudi, sur la participation de tous les groupes d'opposition et de l'Iran, qui devraient « avoir la possibilité de donner leurs points de vue et de participer à la conclusion d'un compromis qui assurera la paix, la stabilité, l'égalité des droits pour tous les groupes ethniques et religieux dans le pays ». Néanmoins,M. Lavrov a averti que Genève 2 « ne serait qu'un début du processus de paix en Syrie, et non sa solution finale ». Le soutien à la conférence internationale a été de nouveau réitéré, jeudi, par la Ligue arabe à l'issue d'une réunion ministérielle de ses ministres des AE. Son SG, Nabil Al-Arabi, et le ministre égyptien des Affaires étrangères (président en exercice du Conseil des ministres) Mohamed Kamel Amrou, ont indiqué que tous les efforts consentis par les pays arabes visaient à assurer le succès de la réunion, qui constitue « l'ultime occasion » pour mettre fin à la tragédie. Les deux hommes ont par ailleurs, souligné que le conseil « a vivement dénoncé les ingérences extérieures, notamment l'implication du Hezbollah ».A Beyrouth, l'armée crie au complot. Elle estime que les dernières violences visent à « entraîner le pays dans une guerre absurde ».