« Des partisans de Morsi étaient en train de prier quand la police et l'armée ont tiré à balles réelles ainsi que des gaz lacrymogènes. Cela a entraîné la mort de plusieurs personnes et le bilan va probablement augmenter », annonce un communiqué des Frères musulmans. Conséquences, la confrérie, qui réclame le retour au pouvoir de Morsi, appelle au « soulèvement du grand peuple d'Egypte contre ceux qui sont en train d'essayer de lui voler sa révolution avec des chars ». Elle presse « la communauté internationale, les groupes internationaux et tous les hommes libres du monde d'intervenir pour empêcher d'autres massacres ». Les militaires qui ont attribué cet « acte » à des « hommes armés en civil » et dénoncé la contrainte de deux des leurs à prononcer, après leur capture, une déclaration dans des haut-parleurs en faveur de Morsi, annoncent avoir fermé le siège du Parti de la justice et de la liberté, la vitrine politique des Frères musulmans. Ils auraient découvert, des « liquides inflammables, des couteaux et des armes ». Adly Mansour, le président par intérim, ordonne une enquête sur les violences. Selon la télévision égyptienne, il « a chargé une commission juridique ». Mohamed ElBaradei, le prix Nobel de la paix, condamne « avec fermeté » cet acte. Comme le président, il réclame une enquête indépendante. « La violence engendre la violence et doit être condamnée avec fermeté. Une enquête indépendante s'impose. La transition pacifique est la seule voie », écrit l'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Le Front de salut national, la coalition de partis de gauche, condamne ces violences. Il exige une enquête dont les « conclusions devront être accessibles au grand public ». Les « salafistes » quittent la table des négociations Al Nour, le parti salafiste qui soutient la feuille de route présentée par l'armée pour conduire la transition politique, quitte la table des négociations politiques. « Nous n'allons pas nous taire au sujet du massacre perpétré aujourd'hui par la Garde républicaine. Nous voulions empêcher le sang de couler et voici que nous avons un fleuve de sang. Nous déclarons notre sortie de toute négociation en tant que réaction à ce qui se passe », déclare Nader Bakkar, le porte-parole. ElBaradei dont la désignation à la tête du gouvernement de transition s'est heurtée au « veto » de cette force politique qui a représenté 25% de l'électorat égyptien en 2011 juste derrière le Parti de la justice et de la liberté qui a obtenu 36,62% des voix, va-t-il rebondir ? Selon Ahmad al-Mouslimani, un porte-parole de la présidence intérimaire, Adly Mansour, qui ne doit plus se soucier de l'avis du parti salafiste, a opté pour Ziad Bahaa Eldin, 48 ans, un avocat d'affaires qui a dirigé plusieurs institutions économiques égyptiennes, pour occuper le poste de Premier ministre. Son choix serait dicté, selon les analystes, par la volonté des nouvelles autorités de s'attaquer en priorité aux graves difficultés économiques du pays, en proie à une chute du tourisme, un effondrement des investissements étrangers et une chute des réserves de devises notamment. ElBaradei prendrait, quant à lui, la vice-présidence. A l'étranger, on s'inquiète. L'Union européenne, qui a prévu de fournir à l'Egypte cinq milliards d'euros sous forme de prêts et de dons, pour la période 2012-2013, n'exclut pas de suspendre cette aide. « Nous examinons en permanence notre aide à l'Egypte et, en fonction de la situation sur le terrain, nous pouvons changer », déclare Michael Mann, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.