Nouara Saâdia Djaâfar, ex-ministre chargée de la Famille et de la Condition féminine, actuelle porte-parole du RND, a la chance d'avoir une famille très unie. Grâce à elle, elle dit profiter pleinement de ce mois sacré. Mais le Ramadhan est aussi une occasion pour davantage d'efforts au sein du parti. Parlez-nous de vos journées ramadhanesques ? Cette année, le travail politique prendra la part du lion. Le RND est en train de préparer son congrès et je me dois d'apporter ma pierre à l'édifice. J'ai énormément de travail à assumer en tant que porte-parole du RND. Durant le mois sacré, les gens ont souvent tendance à veiller et le matin ils ont du mal à se réveiller. J'estime que le Ramadhan est avant tout une occasion pour rassembler la famille autour d'une même table. Tous mes enfants avec leurs petites-familles se regroupent chez moi pour rompre le jeûne dans la joie familiale qui me manque tellement durant l'année. Une ambiance unique qui me réjouit. L'occasion également de reconduire une solidarité familiale que j'ai instaurée, puisque mes filles mariées se partagent les tâches et chaque jour elles nous font goûter à leurs repas. Après la rupture du jeûne, je vaque à mes obligations spirituelles, en faisant ma prière avec beaucoup de soin, dans l'espoir de purifier davantage mon âme. Exigez-vous une table bien garnie ? Non, je dois dire que je ne suis pas très exigeante. Le bourak doit régner en maître sur la table en plus de la chorba qui est, à mon sens, indispensable. Chacune de mes filles a sa spécialité. Celle qui excelle dans le bourak doit s'engager à le préparer tous les jours et celle qui réussit la chorba doit également nous honorer durant tous le mois sacré. Je dois remercier Dieu d'avoir une famille très unie. Je ne prends pas la chorba tous les jours, j'aime goûter à des soupes aussi de temps à autre. Je ne suis pas vraiment gourmande, mais j'apprécie la table de Ramadhan quand elle est bien soignée. Une façon de glorifier ce moment de jeûne offert par Dieu à ses fidèles au terme d'une longue journée pénible. Pour les courses, la plupart du temps c'est mon conjoint qui s'en occupe et je le remercie d'ailleurs à l'occasion. Il connaît mieux que moi les marchés. Est-ce vrai que le Ramadhan a perdu de sa saveur d'antan ? Cela est vrai, malheureusement. Les temps ont changé et l'individualisme fait loi. Chaque personne s'engouffre dans ses propres préoccupations au détriment de la vie en commun. C'est d'ailleurs la première conséquence d'une propagation irrationnelle de la communication virtuelle. Celle-ci gagne du terrain même au sein des familles. Les enfants au lieu de profiter des moments de joie en famille préfèrent succomber à la magie des moyens de télécommunications. Chacun est confiné dans son petit coin, laissant passer des instants merveilleux surtout en ce mois sacré. Par le passé, le Ramadhan avait une saveur particulière. On sentait une vivacité plus prononcée surtout le soir. Les quartiers grouillaient de monde. Cette année, on nous a promis d'ouvrir les commerces même la nuit. On souhaite que la joie, la solidarité et la fraternité soient au rendez-vous. Appliquons les principes de notre religion et agissons en tant que musulmans dignes pour bannir à jamais ces mauvais comportements durant le mois sacré. On doit d'abord avoir faim de Dieu et de la foi et éviter la mauvaise interprétation de la religion. Il ne faut pas consacrer la culture de la consommation. Les médias doivent jouer un rôle dans ce sens. Espérons que ce mois soit porteur de sérénité au pays et veillons surtout à l'application du message de notre Prophète que le salut soit sur lui.