Les islamistes du PJD, dont le secrétariat national tient aujourd'hui une réunion cruciale, n'auront pas un troisième choix : soit trouver un partenaire de poids pour éviter la chute du gouvernement, soit aller au charbon des élections anticipées, pour dégager une nouvelle majorité, une option trop risquée de l'avis de beaucoup d'analystes du pays. Mais jusqu'à hier, les responsables du parti islamiste s'échinaient à trouver un remplaçant à leur désormais ex-allié, El Istiqlal, créditant ainsi le scénario d'un remaniement partiel. Ce qui signifie une probable nouvelle coalition avec un, voire deux nouveaux partis. Selon la presse marocaine, des tractations ont déjà commencé avec le Rassemblement national des indépendants (RNI, 52 sièges). Mais cette alliance risquerait toutefois fort d'être « contre-nature ». Le RNI est un parti qui a voté à l'origine contre le programme du gouvernement mené par les islamistes. Le fait qu'il y adhère maintenant serait mal perçu. En tout cas, quelle que soit la nature ou la couleur idéologique du futur partenaire, les islamistes doivent, coûte que coûte, pallier la perte à la Chambre des représentants de soixante sièges détenus par l'Istiqlal. Parce qu'en cas d'échec, la partie ne sera pas facile pour la formation du chef de gouvernement Abdallah Benkirane. Ce qui n'est pas bon signe dans un éventuel scrutin anticipé. Toutefois, le parti se veut rassurant. Abdelalziz Aftati, un de ses dirigeants, est allé jusqu'à faire savoir que sa formation ne craint pas la perspective d'élections anticipées en cas d'échec des négociations avec d'autres alliés. « C'est même le souhait de certains responsables de notre parti », a-t-il ajouté. La confiance affichée par ce responsable n'est pas fortuite. 68,5% de la population font confiance à Abdelilah Benkirane, selon un sondage réalisé par le bureau Averty Market Research & Intelligence. Quelque 46,8% seulement d'entre eux sont favorables à la politique économique menée par son gouvernement. Après deux mois de statu quo, le parti conservateur, Istiqlal, principal allié du parti d'Abdelilah Benkirane, a fini par mettre en œuvre sa décision de retrait de la coalition hétéroclite formée par le PJD au lendemain de son succès électoral historique de fin 2011, en plein « printemps arabe ». Le divorce entre ces deux grandes formations politiques du Maroc n'étonne personne. Il couvait depuis plusieurs semaines au cours desquelles l'Istiqlal s'est montré particulièrement critique envers ses alliés, dénonçant un manque d'action et de concertation de la part des islamistes. Ces critiques se sont amplifiées depuis l'élection de son nouveau chef, le maire de Fès, Hamid Chabat, un trublion de la vie politique marocaine. La crise gouvernementale a fait craindre un blocage dans la mise en œuvre de réformes sociales à haut risque mais présentées comme indispensables pour le royaume, confronté à une situation financière précaire avec un déficit public de plus de 7% en 2012.