S'il m'avait été permis d'avoir pour ami intime quelqu'un d'autre que Dieu, cela aurait été Abû Bakr. Seulement, il est mon frère et mon compagnon». rapportée par Boukhâri dans son Sahih.] Lorsque Mohammed s'isolait dans la grotte de Hira pour méditer et se recueillir, Abou Bakr, son futur compagnon et beau-père était alors un des plus riches commerçants de la Mecque. Etait-il au courant de la quête spirituelle de son compatriote? Il avait dû apprendre, comme la plupart des gens de la Mecque, que Mohammad, l'époux de la riche Khadîja , avait une attirance pour la méditation et la spiritualité. Il devait être au courant de son comportement moral, rare à l'époque, qui lui avait valu le surnom d' Al-Amîn (Le digne de confiance). C'est pour cela, sans doute, qu'il a dû le suivre dès qu'il a commencé à prêcher ce que l'Esprit Saint lui a révélé. Abou Bakr appartenait à la célèbre tribu de Quraysh. Ayant un ancêtre commun avec le Prophète , il était donc un pur produit de la noblesse arabe... Comme s'il était prédestiné au rôle qui serait le sien, les histoires qui se rapportent à son sujet indiquent que son comportement et sa morale durant son enfance et sa jeunesse furent aux antipodes de ceux de ses concitoyens. On louait son honnêteté dans les affaires du commerce. On admirait sa sagesse et sa pondération. Certaines sources rapportent que le surnom d'Essaadik (le véridique, le sincère) lui fut attribué par ses concitoyens pour son intégrité morale. D'autres, par contre, estiment que cette appellation lui avait été donnée par le Prophète parce qu'il avait été le premier à croire au message divin sans avoir jamais douté, même dans les moments les plus pénibles. Quoi qu'il en soit, ceci n'enlève rien au mérite de ce grand homme que la Providence divine a choisi comme un solide pilier pour soutenir la mission du dernier des messagers. Déjà, lorsque le Prophète revint de son fameux voyage céleste (al-mi'râj), et que ses concitoyens se mirent à le tourner en dérision, Abou Bakr, à qui ils s'adressèrent pour lui faire remarquer la prétendue folie de son compagnon, répondit, imperturbable : «Par Dieu, je crois à plus que cela; je crois avec certitude qu'il reçoit la révélation de son Seigneur du haut du septième ciel». Cet homme hors du commun est né à la Mecque deux ans après le Prophète. Son père s'appelait 'Uthmân, mais on le surnommait Abû Quhâfa. Quant à sa mère, elle s'appelait Salma, mais était connue sous le surnom d'Umm al-Khayr. Il reçut une solide éducation faisant de lui l'une des personnes les plus en vue de la société mecquoise. Abû Bakr le premier homme à avoir embrassé l'islam. Son choix ne fut pas long à se dessiner. Connaissant l'honnêteté et la sincérité de son ami d'enfance, il n'hésita pas un instant. Il est vrai que sa nature douce et son âme spirituelle le prédisposaient à faire ce choix. Lorsque le Prophète lui prêcha le message qu'il recevait de son Seigneur, il l'accepta sans hésitation. Il devint un des plus ardents défenseurs. C'est à juste titre que le Prophète a dit de lui : Son comportement et sa morale étaient des plus exemplaires du temps même de la période antéislamique (jâhiliya). On rapporte qu'étant encore enfant, son père l'emmena à la Ka'bâ pour rendre un culte d'adoration aux idoles. Il s'approcha de l'une d'elle et lui dit : «J'ai faim, nourris-moi !» Il n'eut aucune réponse. Il ajouta : «J'ai soif donne-moi à boire !» Il n'obtint aucune réponse. Il ajouta encore : «J'ai froid, vêtis-moi !» Ce fut toujours le silence. À la fin, il prit un caillou et lui dit : «Je vais te jeter ce caillou et si tu es un Dieu, défends-toi». Il lui jeta le caillou et elle tomba à la renverse. On rapporte aussi qu'il était d'une grande vertu et qu'il n'avait jamais bu une goutte d'alcool. Chose vraiment paradoxale dans une société où tous ses membres étaient des épicuriens nés. Dans un Hadith rapporté par Ibn 'Asâkir, on demanda à Abû Bakr pourquoi il s'était toujours abstenu de boire de l'alcool. Il répondit : «Parce que je voulais préserver mon honneur, et protéger ma réputation ; car celui qui s'adonne à l'alcool ne fait attention ni à son honneur, ni à sa dignité !» Lorsque le Prophète entendit ces propos, il dit : "Abou Bakr a dit vrai ! Abou Bakr a dit vrai !»