Pour la reprise du forum de Liberté, c'est le chercheur américain William Lawrence qui a été invité pour évoquer le printemps arabe et surtout les événements qui se déroulent en Syrie et en Egypte. « C'est un moment clé, un tournant dans l'histoire de cette région qui continuera à produire de effets sur une longue durée », dira-t-il en n'hésitant pas à comparer ces émeutes à la révolution de 1848 en Europe. Il qualifiera ce printemps arabe de « révolution hybride d'une jeunesse globalisée qui ne s'inscrit plus dans les fractures et les conflits des générations précédentes mais veut créer un monde nouveau ». Concernant le pays de Bachar al Assad, celui qui a travaillé au département d'Etat est favorable à une intervention humanitaire. Selon lui, « le respect de la souveraineté des nations est un principe du droit international mais on peut lui opposer la responsabilité que tout gouvernement a d'assurer la sécurité de son peuple ». Pour lui, la communauté internationale doit agir pour protéger les civils des deux côtés car la situation, selon lui, n'a rien à voir avec celle de l'Irak. Il se dit convaincu que le régime de Damas a utilisé du gaz sarin contrairement à celui de Baghdad qui a péché par de mauvais calculs. Pour cet expert, le souvenir des mensonges qui avaient entouré la guerre d'Irak explique la réticence de l'opinion publique contre la guerre. Abordant la politique des Américains dans la région du Moyen-Orient, il reconnaîtra que la situation est complexe. Réfutant ceux qui imputent tout à la manipulation, il expliquera que dans son pays « on n'appréhende pas les questions en fonction d'a priori idéologiques mais d'intérêts économiques ou géostratégiques ». « Les dirigeants amricains ne refusent pas de travailler avec des gouvernements laïcs et ne favorisent nullement l'islamisme », a-t-il précisé. Il rappellera à ce propos que le renforcement de la coopération avec l'Algérie et la Libye « visait à combattre les réseaux terroristes ». A Washington, primerait un sens aigu de l'opportunisme politique et on ne dédaigne pas recourir à des alliances tactiques. Abordant la situation en Egypte, il dira que « la révolution dans ce pays n'est pas encore terminée ». Il prévoit d'autres événements, l'histoire n'étant pas un long fleuve tranquille. Interrogé sur l'Algérie, il dira « que le pays a connu il y a longtemps des manifestations pour la dignité mais que le souvenir du cauchemar qui a suivi a rendu les autorités et le peuple conscients du péril de revivre la même situation ».