Les auditions des ministres, entamées par le président de la République depuis quelques jours, semblent avoir un double objectif. D'une part, il s'agit, en écoutant les rapports détaillés des membres de l'exécutif, de mesurer l'avancée de la réalisation des projets de divers secteurs d'activité économique et sociale. Les attentes des citoyens en matière de logements, d'infrastructures collectives comme les hôpitaux, les stades destinés aux jeunes sont immenses. Il est toujours utile de savoir ce que l'on a fait et vers quoi l'on s'achemine. D'autre part, ces rendez-vous se présentent aussi comme une opportunité offerte au chef de l'Etat pour donner des instructions fermes. Elles sont de nature à lever les obstacles et les déblayer les entraves rencontrées par-ci par-là, de secouer les torpeurs et de rappeler la nécessité de respecter les délais de livraison. L'initiative du chef de l'Etat dénote visiblement son souci de suivre de près l'action de l'exécutif chargé en premier lieu de traduire sur le terrain le programme électoral de Bouteflika. Par le biais de visites sur le terrain ou en écoutant et questionnant les principaux responsables, le président de la République peut se faire une idée exacte et apporter des correctifs. Il ne s'agit nullement, par contre, de se substituer à la justice, comme ont cru le relever certains commentateurs après l'audition du ministre de l'Energie. L'affaire Sonatrach éludée ? Va-t-on évoquer les cas particuliers là où il s'agit de s'attarder davantage sur le sens d'une démarche globale. Plutôt que de s'appesantir sur la corruption combattue, par ailleurs, avec vigueur et détermination, il s'agit de se projeter dans le futur. L'affaire qui a secoué le secteur est en instruction judiciaire et n'est nullement diluée. C'est dans ce cadre qu'elle est traitée en application stricte des lois. L'indépendance de la justice qui est le socle de tout Etat de droit est aussi de respecter cette nette séparation des pouvoirs. La mission est claire. Les auditions ne sont pas un tribunal mais une instance d'évaluation des projets. Elles n'annulent pas les autres pouvoirs et n'empêchent pas l'exercice du contrôle sur l'action de l'exécutif dont les mécanismes sont définis par la Constitution. A l'heure où le pays est pleinement engagé dans un plan quinquennal qui a pour ambition de propulser l'Algérie dans la sphère des pays émergents, cette halte estivale est l'occasion de connaître les forces et les faiblesses de notre système de production. Le ramadan est propice pour les examens de conscience individuels. Un pays doit aussi savoir se regarder dans le blanc des yeux.