Durant les vacances scolaires, le Jardin d'Essai a connu un grand rush de visiteurs. Venus des villes intérieures du pays ou de l'étranger, ils étaient nombreux à découvrir ou redécouvrir cet endroit qui fait la fierté d'Alger et ce, depuis longtemps. Le directeur du Jardin, Abderrezzak Ziriat, atteste que « durant les vacances, nous avons enregistré jusqu'à 4.000 visiteurs par jour. Ce chiffre a atteint entre 7.000 et 10.000 visiteurs les week-ends ». Par groupe d'amis ou en famille, le Jardin a connu une affluence record durant les mois de juillet et août. Les vacances scolaires aidant, les visites familiales ont permis de remplir cet espace qui a accuelli des visiteurs ébahis devant la beauté du site et les imposants arbres centenaires dont certains ont servi de décor au tournage de séquences du film « Tarzan », en 1936, où y voit des lianes dignes de celles des forêts tropicales. Et D'aucuns n'avaient cru que ces images ont bel et bien été tournées au jardin du Hamma en Algérie. Les imposants jardins anglais et français et la prestigieuse allée des platanes sont restés enfouis dans la mémoire des enfants de plusieurs générations. Aujourd'hui adultes, ces dernières les redécouvrent, non sans un pincement au cœur. C'est le cas de Akila, aujourd'hui résidente au Canada, qui est venue faire découvrir cet endroit « féerique » à son fils, âgé de 14 ans. « Certes, là où on vit aujourd'hui, d'énormes espaces de verdure et de grandes étendues d'eau existent, dont 1.000 sont répertoriés à travers le pays, entourant les villages, mais le Jardin d'Essai, c'est mon enfance, mon histoire », dit-elle. La visite de Akila n'a pas été seulement l'occasion de retrouver des endroits bien connus. En effet, l'incivilité des visiteurs, le non respect des lieux, a abasourdi notre hôte à plus d'un titre. Au moment où elle cherchait les statues des deux femmes en tenue d'Ouled Naïl, elle remarque un enfant d'à peine 13 ans qui, à l'aide d'une barre de fer, s'attèlle à graver son nom sur le tronc d'un arbre centenaire. Plus loin, au pied des statues en marbre, c'est une œuvre souillée par des grafittis laissés par des mains inconscientes qui est exposée. Ces actes de vandalisme ont été dénoncés par la direction juste après la réouverture du Jardin au grand public après une fermeture de plus de 10 ans à cause des travaux de réhabilitation. « Nous ne pouvons évaluer ces actes de vandalisme, vu la valeur des espèces que renferme le Jardin. Les gens ignorent qu'un arbre, c'est aussi un être vivant qui met des années à grandir. Même les statues n'ont pas échappé à ces mains destructrices. Bien que réhabilitées, les œuvres d'Emile Gaudissart, datant de 1920, ont subi des actes de vandalisme. La pancarte présentant la biographie du sculpteur n'a pas été épargnée. Le devis des travaux de réfection est de l'ordre de 2,5 millions DA. Des tractations avec, notamment, un sculpteur italien, intervenu au niveau du Bastion 23, sont en cours », affirmera M. Ziriat, tout en dénonçant l'attitude négative de certains visiteurs. Une situation qui a incité le directeur à aménager des espaces botaniques auxquels le public ne peut pas accéder. « La vocation du Jardin d'Essai reste botanique. Aussi, nous sommes en phase de créer des espaces renfermant les espèces algériennes. Une équipe d'ingénieurs a mis au point un prospectus sur la flore de Chréa, de Chenoua et bientôt d'El Kala », expliquera notre interlocuteur. M. Ziriat a exclu toute décision de fermeture de cet espace au grand public. « Bien que des jardins botaniques dans le monde soient interdits d'accès, nous ne pouvons priver les Algériens d'un jardin aussi beau et agréable », dit-il. En attendant une prise de conscience de la part de certains visiteurs, les 100 agents, dont des surveillants de nuit, veillent sur le temple.