Encore échaudés par la désastreuse entrée en bourse de Facebook en mai 2012, les milieux financiers accueillent avec circonspection, l'annonce par tweet, cette semaine de la société Twitter de faire son entrée en Bourse. Tout de suite, le flot de questions sur d'éventuelles similitudes avec la déconfiture de Facebook, qui, lors de son IPO, en 2012, a vécu le cauchemar de la surévaluation puis de la dévaluation de son action qui n'a retrouvé son niveau initial qu'une année après. Mais les premiers trait négatifs ont été tirés sur le fait que Twitter a refusé de divulguer toute information sur son état économique et financier, comme le lui permet une nouvelle loi américaine qui autorise les sociétés à chiffres d'affaires inférieurs à un milliard de dollars à ne rendre publiques leurs données que trois semaines avant la présentation en Bourse. Malgré le flou maintenu par Twitter sur ses performances financières, la presse spécialisée, sur la foi de nombreux avis d'analyses financiers, estime que sa valorisation boursière tournera autour de 10 milliards de dollars, soit, selon Reuters « 17 fois son chiffre d'affaires de l'année passée », alors qu'à son introduction en Bourse, Facebook a été valorisé à 27 fois son chiffre d'affaires. En matière de volume d'utilisateurs, très loin derrière Facebook, Twitter qui était à 200 millions ambitionnait de porter le chiffre à 400 millions à la fin de l'année en cours. Le site AllThingsD, avance des résultats beaucoup moins ambitieux, indiquant que « Twitter serait plus proche aujourd'hui des 240 millions, ce qui le mènerait à une croissance de 30% en 2013, au lieu de son objectif de 100% ». Pour mesurer la performance future de la société, les experts se penchent également sur son modèle économique reposant, à l'instar de Facebook, sur la publicité qu'il a commencé à diffuser en 2010 sur le réseau social grâce à des tweets sponsorisés, qui s'incrustent en haut du flux des utilisateurs. A ce sujet, le cabinet d'analyse américain Forrester Research, interrogé par une publication spécialisée a considéré que « 60% des annonceurs américains utiliseraient déjà le procédé », ajoutant qu'ils "ne sont pas encore complètement satisfaits par les résultats, et l'entreprise a encore besoin d'améliorer son ciblage et de trouver d'autres formats à vendre". Ce à quoi Twitter s'est déjà attelé en rachetant, en 2012, une jeune pousse Vine, qui lui offre la possibilité de l'introduction de fichiers vidéo et en couplant ses publicités avec les usagers des programmes de télévision, s'inscrivant ainsi dans les tendances du second écran et de la télévision sociale susceptibles de lui attirer des annonceurs intéressés par les programmes audiovisuels. D'autre part, et pour étoffer son assise d'outils publicitaires, Twitter a acquis MoPub, une régie mobile, contre un chèque estimé selon Reuters à près de 350 millions de dollars. « Non seulement elle va lui servir à améliorer ses propres services publicitaires, mais le réseau social devrait également utiliser MoPub pour servir de la publicité sur d'autres sites », explique l'agence britannique. Pour l'heure, les milieux financiers et notamment les banques se frottent les mains à l'idée du magot à engranger de l'opération d'introduction en Bourse de Twitter qui devra valoir, de l'avis de beaucoup d'analystes, entre 40 et 50 millions de dollars si Twitter met sur le marché seulement 10% de son chiffres d'affaires, soit un milliard de dollars. Pour le reste, les marchés boursiers auront le temps d'apprécier le cours de l'action, et de dire, d'ici peu, à quel niveau ils la mettront..