«Les pays occidentaux sont avant tout intéressés à prouver leur supériorité au Proche-Orient et non plus à résoudre le problème des armes chimiques en Syrie», a déclaré hier le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dans une interview accordée à la chaîne de télévision russe Pervy Kanal. «Ils sont avant tout intéressés à prouver leur propre supériorité tandis que la Russie cherche à résoudre le problème des armes chimiques en Syrie. S'il en était autrement, ces pays ne prendraient pas leur position actuelle au Conseil de sécurité de l'Onu», a indiqué le ministre. Selon lui, certains pays occidentaux ont commencé à insister sur l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution sous le Chapitre VII de la Charte des Nations unies qui prévoit un recours à la force bien avant le début de la réalisation du plan russo-américain sur le démantèlement de l'arme chimique en Syrie. Le ministre russe des Affaires étrangères a indiqué qu'il y a deux ans, l'Occident s'était posé pour objectif de renverser le régime de Bachar Al-Assad. «A présent, ils ne peuvent pas ne pas avouer qu'ils se sont trompés une fois de plus, tout comme ils s'étaient trompés en Libye en la détruisant par les bombardements et l'ayant placée au bord de la décomposition, tout comme ils l'avaient fait en Irak, ayant laissé le pays dans une situation très précaire», a souligné le chef de la diplomatie russe. «La France et les Etats-Unis n'ont pas fourni à la Russie de preuves confirmant le recours à l'arme chimique en Syrie par les troupes gouvernementales», a déclaré le chef de la diplomatie russe. Le ministre a indiqué que Paris et Washington avaient accusé les troupes gouvernementales d'avoir recouru à l'arme chimique le 21 août près de Damas, bien avant la publication du rapport des enquêteurs de l'Onu. «La France et les Etats-Unis n'ont jamais caché qu'ils n'avaient nullement besoin du compte rendu (des inspecteurs de l'Onu). Bien avant que le compte rendu soit prêt, ils ont déclaré qu'ils savaient tout depuis longtemps et que leurs renseignements étaient irréprochables, quoique ces deux pays ne nous les aient jamais montrés dans leur ensemble, alors que les renseignements qu'ils ont bien voulu nous fournir ne prouvent pas que cet épisode soit lié au recours à l'arme chimique par le régime», a souligné le ministre russe des Affaires étrangères. Sergueï Lavrov a accusé les Etats-Unis de faire du chantage à la Russie pour qu'elle soutienne une résolution dure à l'ONU contre la Syrie, et reproché à l'Occident d'être aveuglé par l'idée d'un changement de régime. «Nos partenaires américains commencent à nous faire du chantage : si la Russie ne soutient pas une résolution en vertu du chapitre VII au Conseil de sécurité de l'ONU, nous arrêterons de travailler à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques» (OIAC), a déclaré M. Lavrov. Selon M. Lavrov, l'OIAC est «sur le point de prendre une décision» sur la Syrie, mais le processus est menacé par la «position arrogante de certains partenaires occidentaux». Il a ajouté que la Russie était prête à envoyer des troupes en Syrie dans le cadre d'une présence internationale pour sécuriser le travail des experts sur les sites d'armes chimiques : «Nous sommes prêts à affecter nos militaires, la police militaire, pour participer à ces efforts». L'ambassade russe à Damas touchée par un obus de mortier Par ailleurs, un obus de mortier, tiré par des rebelles, s'est abattu hier dans le périmètre de l'ambassade de Russie située dans le quartier de Mazraa, au centre de Damas, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Selon l'OSDH, l'ambassade de Russie avait été visée plusieurs fois dans le passé, mais c'est la première fois que le périmètre de la chancellerie est touché. L'attaque a fait deux blessés, a annoncé hier à RIA Novosti une source diplomatique sur place. «Un obus de mortier a explosé sur le territoire de l'ambassade. Apparemment, il s'agit d'un tir erroné qui a fait deux blessés légers par le vol de pierres provoqué par l'explosion», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.