L'Algérie peut-elle assurer son autosuffisance en produits alimentaires ? Est-elle en dépendance perpétuelle ? Court-elle un danger ? Est-elle en mesure de renverser la vapeur en se transformant de pays importateur en pays exportateur ? Des problématiques abordées, hier, par l'Union nationale des agronomes (UNA), lors d'une conférence-débat organisée au centre de presse d'El Moudjahid. Les débats ont été ouverts par le président de l'UNA. Yahia Zane a indiqué qu'« après 50 ans d'indépendance, l'agriculture n'a pas encore connu de véritable essor ». Il a fait remarquer que « la flambée des prix des produits alimentaires et du poulet » figurent souvent sur les manchettes des journaux. Des milliers d'entreprises spécialisées en agroalimentaire ont été créées mais « la facture des importations reste toujours élevée ». « La sécurité alimentaire demeure un défi », note l'orateur, qui relève « que tous les programmes d'investissement et autres plans stratégiques intègrent cette donnée ». Pour lui, les décideurs, mais également les spécialistes, ont une responsabilité importante. C'est une question qui requiert l'intervention d'équipes multidisciplinaires : économistes, agronomes, sociologues, planificateurs, etc. De son côté, Yahia Kerrouche, le SG du l'Union, a déclaré que « le seul avenir qui nous reste est l'agriculture industrielle car on ne peut compter sur les schémas traditionnels ». Il a indiqué que l'Algérie est un pays à vocation agricole et toutes les conditions sont réunies pour développer le secteur mais, « c'est tout le système agraire qui fait défaut dans notre pays », a-t-il insisté. « Il faut avoir présent à l'esprit que le marché de l'alimentaire à l'échelle internationale est totalement contrôlé par les pays développés, dont certains ont érigé un véritable monopole sur des produits stratégiques », a-t-il souligné. Pour lui, « le renforcement de l'agriculture commence par le développement des mécanismes d'accompagnement et la volonté politique ». Selon cet expert, « pour atteindre la sécurité alimentaire, il est primordial de valoriser les capacités existantes dans le monde arabe et d'œuvrer pour leur renouvellement ». Il a également souligné « la nécessité d'encourager la recherche et plaidé pour une meilleure prise en charge des petits agriculteurs face aux grands investisseurs agricoles ». Intervenant sur le sujet, l'économiste Abdelmalek Serrai, président d'honneur de l'UNA, soutient que « l'ingénieur agronome est le noyau du développement de l'Algérie toute entière ». Il rappelle les procédures lancées par le ministère de l'Agriculture pour développer le secteur dans le sud et les hauts plateaux. Il affirme que les walis sont ouverts à toute proposition des porteurs de projets. Il met en exergue l'apport de la Badr pour le financement. Il conseille de mettre le paquet sur les campagnes d'information et la vulgarisation de nouveaux dispositifs. Serrai fustige les « importations sauvages » des produits alimentaires. Il soulève le problème de non-coordination entre les ministères à savoir, celui de l'Agriculture, celui de la PME et celui du Commerce. L'intervenant insiste enfin, sur la nécessité de confier aux jeunes ingénieurs agronomes des postes de responsabilité.