L'Algérie n'arrivera jamais à produire ce qu'elle consomme. Les agronomes algériens sont catégoriques sur ce point qu'ils ont largement développé au forum du journal El-Moudjahid. «Le seul avenir qui nous reste c'est l'agriculture industrielle car on ne peut pas compter sur les schémas traditionnels actuels de l'agriculture», a déclaré hier lors du débat à ce forum, Mohand Amokrane Nouad, consultant agronome et secrétaire général de l'Union nationale des agronomes (UNA). «Dans le discours, on dit que l'agriculture est prioritaire, mais dans la réalité ce n'est pas le cas», regrette l'expert agronome. Pour lui, «aujourd'hui, c'est tout le système agraire qui fait défaut dans notre pays», a-t-il insisté. Toutefois, les participants à ce forum ne se sont pas contentés de constats alarmants. Ils sont allés au-delaa en proposant la solution à cette problématique: l'intégration régionale. «L'autosuffisance est impossible à réaliser si on n'intègre pas la coopération régionale. C'est-à-dire euro-méditerranéenne ou euro-africaine», a-t-il poursuivi. Il y a quelques mois, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, s'était déplacé accompagné d'une forte délégation au Maroc. Une visite qui s'inscrivait dans le cadre du renforcement et du développement des relations entre les deux pays dans les domaines de l'agriculture, de l'agro-industrie et du développement rural. M. Benaïssa avait alors indiqué que sa visite dans le Royaume visait à «promouvoir la coopération bilatérale dans le domaine agricole pour assurer la sécurité alimentaire dans les deux pays à travers un partenariat basé sur l'échange d'expériences». Les deux pays avaient ainsi signé un accord de coopération agricole dans les domaines de la vulgarisation scientifique, du développement de la production, de la lutte contre la désertification et d'échanges commerciaux. Aussi, ce forum sur le thème «L'agronome au coeur des défis de la production alimentaire à l'échelle locale et mondiale», était une occasion pour les cadres de l'UNA de revenir longuement sur le monde de l'agriculture en Algérie, d'émettre des propositions mais surtout d'interpeller les pouvoirs publics sur plusieurs questions. Les experts et chercheurs présents ont plaidé «pour que l'intelligence humaine prime, et pour que l'avenir prime», a déclaré Yahia Zane, président de l'UNA. L'autre solution proposée pour développer l'agriculture est «la défiscalisation des activités agricoles dans certaines régions comme les Haut-Plateaux et le Sud», a estimé M. Serai, consultant international en économie, dans son intervention. Une défiscalisation qui, selon lui, encouragera l'investissement dans cette région. Actuellement, «si l'Algérie ne ressent pas la crise alimentaire mondiale, c'est parce que les produits sont subventionnés», a estimé Mohand Amokrane Nouad. Selon lui, si jamais on libéralise l'économie, «beaucoup de filières vont disparaître», a-t-il poursuivi. Car, dans le cas de cette ouverture, «les prix du pain et du lait, à titre d'exemple, vont être multipliés par quatre. Là, on ne fait qu'acheter la paix sociale», a indiqué l'expert agronome. Présentement, au stade où nous sommes dans le cadre des importations, les chiffres sont très inquiétants pour bon nombre d'observateurs. A cet effet, M. Nouad est catégorique: «Les chiffres risquent de dépasser ceux de 2008.» Comme quoi l'agriculture nationale est au fond du gouffre. Pour Yahia Zane, l'UNA prendra part au Congrès mondial des agronomes du 12 au 17 septembre prochain au Centre des congrès du Québec au Canada. Sous le thème «L'Agronome au coeur des défis de la production alimentaire à l'échelle locale et mondiale», cet événement, tenu tous les quatre ans, réunira les agronomes du monde entier et leur offrira une tribune d'échange sur les nouveaux enjeux de la production alimentaire et les défis professionnels. Le congrès est une occasion unique de valoriser le rôle de l'agronome et sa contribution au bien-être des populations. L'Union nationale des agronomes (UNA) sera disposée à «appuyer, soutenir et accompagner de manière concrète toute dynamique visant à l'instauration de la stabilité du secteur et à son insertion irréversible dans l'orientation d'un développement durable».