Forte était la déception des familles n'ayant pas les moyens d'acheter un mouton. Les abats ont « déserté » les boucheries qui se sont contentées d'afficher des carcasses de mouton. Du marché 12 de Belouizdad en passant par Ali-Mellah, les marchés de Meissonnier et Clauzel et jusqu'au marché couvert de Nelson de Bab El-Oued, la situation est presque la même. A quelques jours de l'Aïd El-Adha, les abats ont disparu des étals des boucheries de la capitale. Plusieurs bouchers, sollicités ce jeudi, par des clients, ont répondu qu'ils « ne savent pas quand ces abats seront disponibles ». Une mère de famille rencontrée au marché Ali Mellah (bazar) s'est montrée scandalisée par cette situation. « On ne comprend plus cette pénurie à chaque fête, même religieuse. Où sont les abats alors que la viande est disponible surtout que des centaines de carcasses sont disponibles ? », s'interroge-t-elle. Une vieille qui suivait la scène affirme qu'elle était obligée decommander le foie et la cervelle depuis deux semaines du boucher du quartier. « J'ai la chance d'être sa cliente surtout qu'on ne peut pas congeler les abats qui restent le charme de l'Aïd. J'ai payé d'avance 2 800 DA le kg », a-t-elle soutenu. Même son de cloche chez certains bouchers au niveau des marchés : on ne sait pas quand les abats seront disponibles. Essayez de repasser plus tard. Pour eux, la demande dépasse l'offre. « Si un ensemble complet d'abats coûte 2 500 DA, il faut s'attendre à le payer à 5 ou 7 000 DA et plus. Même des familles aisées viennent s'y approvisionner. En réalité, les gens ne veulent pas se casser la tête avec tout ce qui précède et suit l'égorgement surtout les nouveaux couples », explique un boucher au marché Clauzel. Au marché Ferhat Boussaâd (ex-Meissonnier) à Alger-Centre, les rares abats encore disponibles sont importés. Un boucher qui proposait le « fameux » foie à 2 000 DA le kg avant qu'il nous explique qu'il vend de la viande importée du Brésil. « C'est de la bonne qualité, la viande bovine est cédée à 900 DA le kilogramme et le filet de veau à 1110 DA », explique-t-il à une vieille dame qui finira par avouer qu'elle préfère la viande locale et qu'elle cherche désespérément la cervelle et le « bouzellouf » depuis quelques jours mais en vain. « J'ai fait tous les marchés de la capitale mais en vain. C'est malheureux de constater que si on n'a pas les moyens d'acheter un mouton entier, on ne peut non plus s'offrir des abats », déplore-t-elle. Cherche désespérément « le bouzellouf » Les bourses modestes se sont rabattues sur la viande congelée, cédée entre 700 DA et 800 Da le kilogramme. « Malgré les prix affichés, on est contraints et forcés de satisfaire les exigences familiales. J'ai acheté une bonne quantité juste pour faire plaisir à mes enfants surtout que mon voisin a acheté un mouton et fera comme chaque année des grillades dans son balcon », confie un père de famille, agent de sécurité à l'APC. Le cœur, la cervelle, le « bouzellouf » se font également rares. « La semaine dernière, un boucher proposait la tête d'agneau (bouzellouf) à 800 DA et 1 200 DA avec cervelle, mais aujourd'hui (jeudi), il n'y a plus abats », affirme une femme rencontrée au marché Ali Mellah. Aucune trace du « bouzellouf » dans les boucheries des marchés d'Alger, a-t-on constaté sur place. Par ailleurs, les côtelettes sont disponibles à 1 350 DA le kg et les tripes d'ovin ont atteint 2 000 DA. Même situation dans les marchés des quartiers populaires. Les affiches à l'extérieur indiquent que le prix des tripes d'ovin est de 250 DA le kilogramme mais à l'intérieur aucune trace de « douara » à l'exemple de ce boucher du centre de Bab El Oued qui proposait, il n'y a pas longtemps, les tripes de bovin gratuitement chaque mercredi. Au niveau des boucheries de la Basse-Casbah, une boucherie proposait les tripes d'ovin à 2 000 DA ! Le poulet prend des ailes Même le poulet, considéré comme une compensation pour certaines familles qui ne peuvent s'acheter de la viande rouge et en faire un rôti ce jour-là, est devenu pratiquement hors de portée vu son prix qui a atteint 910 DA dans l'ensemble des marchés pour un poulet moyen. Le kilogramme d'escalope a bondi de 800 DA à 1 000 DA et même le « merguez » s'est mis de la fête. Il est proposé à 900 DA. Par contre, le prix du poisson reste stable. La sardine est cédée à 200 DA le kg. Sur les marchés d'Alger, les prix des fruits et légumes restent néanmoins stables, en cette fin de semaine. Les prix de la tomate affichent entre 60 DA et 90 DA, la salade verte à 100 DA, les haricots verts à 130 DA, l'oignon de 30 à 35 DA, les haricots rouges à écosser 160 DA, la carotte 60 DA et la pomme de terre à 45 DA. La courgette est cédée à 70 DA et 90 DA, surtout devant la forte demande des ménagères. Les fruits ont connu une augmentation sensible. Le raisin est cédé entre 100 et 180 DA le kg. Quant aux fruits de saison, ils ont connu une légère hausse. Pour preuve, les poires sont cédées entre 180 et 220 DA, tandis que les pommes sont à 160 DA, les bananes à 130 DA. Les œufs ont atteint 12 DA l'unité.