Le Yémen sera-t-il le futur sanctuaire d'El Qaïda au Proche-Orient ? Pas un jour ne passe sans l'enregistrement de violents combats dans ce pays. Aden, la capitale du Yémen, un des Etats les plus pauvres du monde, subit quotidiennement les assauts des rebelles zaydites (chiites) qui refusent la paix même s'ils ont conclu, à Doha, il y a moins de six mois, un cessez-le feu et du mouvement sécessionniste du Sud ((Al-Hirak Al-Janoubi) qui coordonnent, au vu et au su de tout le monde, leurs attaques avec Al-Qaïda dans la péninsule arabique. Comment ? En lançant des opérations pour disperser les forces de sécurité et les déborder ensuite. Comme si ces « adversaires » renforcés par des « hors-la-loi qui coopèrent avec eux » ne suffisent pas, le président Ali Abdallah Saleh doit « gérer » l'opposition qui bloque le dialogue national qu'il a initié le 17 juillet dernier. « Certains dirigeants de l'opposition manipulent les mots », dit-il accusant les saboteurs de ce dialogue qui devait mettre sur les rails l'accord de février 2009 sur les réformes politiques et électorales pour mettre fin à la crise politique et préparer les élections législatives de 2010 d'être liés aux « intérêts étrangers ». Sanaâ soupçonne ouvertement Téhéran de soutenir les Zaydites et les partisans d'Ali Salem Al-Bidh, l'ancien président du Yémen du Sud. Pour quels motifs ? Une alliance de circonstance entre les « Sudistes » et les islamistes pour affaiblir le pouvoir du président Ali Abdallah, menacer l'unité du Yémen, entretenir l'instabilité au sud de l'Arabie Saoudite, contrôler, à terme, l'entrée sud de la mer Rouge ? Autant de questions qui restent posées et sans réponse. Selon la presse locale, les accrochages militaires se sont intensifiés depuis le début de cet été. Notamment à Lodar, dans la province d'Abyane, dans le Sud du Yémen. Les combats qui ont opposé dimanche l'armée yéménite et les forces de sécurité, d'une part, aux membres d'Al-Qaïda et de «Al-Hirak Al-Janoubi» d'autre part, ont fait une vingtaine de morts, dont une douzaine de militaires. Pour reprendre l'avantage sur le terrain, l'armée sort ses grands moyens en prévision d'un assaut. Elle a massé des renforts autour de Loder, lancé un ultimatum aux éléments relevant d'Al-Qaïda pour se rendre et invité la population à évacuer les lieux. L'Etat qui s'est abstenu de toute action militaire d'envergure, type bombardement, passera--il à la vitesse supérieure ? Sans doute. Sanaâ espère entre temps convaincre les Zaydites et les « Sudistes » qui sont partagés - certains appellent au fédéralisme, d'autres à la sécession - de changer de camp. Une rencontre s'est ouverte entre les officiels yéménites et les « chiites » hier à Doha sous l'égide des collaborateurs de l'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, qui a déclaré le 13 juillet dernier au président Ali Abdallah qu'il est disposé à « trouver une solution qui aiderait à préserver l'unité du Yémen ». Les Américains qui ont ouvert les hostilités avec la nébuleuse terroriste donneront-ils les moyens nécessaires aux Yéménites qui veulent priver Al-Qaïda d'un refuge aux portes du détroit de Bab El Mandeb par lequel transitent 12% du commerce maritime et 30% du pétrole brut ? « Nous allons déplacer la lutte contre Al-Qaïda et ses alliés sur le terrain où ils complotent et s'entraînent : Afghanistan, Pakistan, Yémen, Somalie et ailleurs. Nous allons non seulement assener des coups durs à la direction d'Al-Qaïda et ses alliés, mais nous aiderons ces gouvernements à renforcer leurs capacités à assurer leur propre sécurité, à extirper le cancer d'Al-Qaïda qui s'est développé chez eux et à l'empêcher de revenir », promet John Brennan, le conseiller du président pour la sécurité intérieure et le contre-terrorisme. Wait and see.