Un film documentaire sur la vie et l'œuvre de Mohamed Khadda, pionnier de la peinture contemporaine algérienne, est réalisé par le plasticien et écrivain Jaoudet Guessouma. Il sortira officiellement dans quelques jours, a-t-on appris auprès de l'homme de culture, Jaoudet Guessouma. Coproduit par l'AARC et le producteur algérien Laith Média, le film « Khadda, le signe et l'olivier », actuellement finalisé, est un clin d'œil au mouvement des « peintres du signe », une expression empruntée au poète algérien Jean Sénac qui désigne les plasticiens algériens nés dans les années 1930, alors que l'olivier est une des sources d'inspiration les plus fréquentes chez Khadda. Basé sur un scénario coécrit par le réalisateur et l'universitaire Naget Khadda, veuve du peintre, le film retrace, en 90 minutes, la vie de l'artiste depuis son enfance à Mostaganem jusqu'à sa disparition en 1991. Pour son réalisateur, le documentaire se veut un hommage romancé à un peintre, graveur et poète qui offre une lecture d'une œuvre magistrale qui a marqué la scène artistique algérienne. Né à Mostaganem en 1930, Mohamed Khadda, artiste autodidacte, a forgé son approche de la peinture et de la gravure en dessinant des croquis pour l'imprimerie qui l'employait, avant de devenir un visiteur assidu des musées en Algérie et en France. Dès 1963, Khadda participe à la première exposition des « peintres algériens », avant de fonder, en 1964, l'Union nationale des arts plastiques (Unap) et se consacrer à la défense de l'histoire de l'art algérien depuis les fresques du Tassili. L'artiste a laissé son empreinte sur plusieurs peintures murales (Monument aux martyrs à Msila) et a aussi confectionné plusieurs décors et costumes pour le théâtre, ainsi que des tapisseries dont une pour l'aéroport de Ryadh (Arabie saoudite). Qualifié par l'écrivain Mohamed Dib de « géomancien qui lit dans les signes pour faire revivre le charme de l'élémentaire dans des toiles éternelles où se confondent passé, présent et avenir », Mohamed Khadda a aussi illustré les livres de grands auteurs comme Jean Sénac, Rachid Boudjedra, Tahar Djaout ou le Français Michel-Georges Bernard. La quête de Khadda est à la fois une recherche singulière et une expérience solidaire. C'est un humaniste engagé dans sa recherche esthétique, mais qui se sent toujours impliqué dans le devenir de la cité. En témoignent ses choix personnels, ses prises de positions politiques comme son adhésion au Parti communiste, ses recherches esthétiques contre l'exotisme et l'arabesque, existentielles contre les verrous de l'imaginaire. Khadda est au centre névralgique d'un combat pour l'art vivant, ancré profondément dans nos pratiques quotidiennes et surgi de notre environnement. Khadda exhume avec tendresse nos richesses. Il capte les sources qui distillent les tensions fortes ou les accords tempérés. Il polit, cisèle amoureusement l'espace pour de jeunes ballerines.