La déclaration du 1er Novembre 54 a fait l'objet, hier, d'une lecture au forum d'El-Moudjahid. Des historiens et d'anciens moudjahidine ont essayé d'apporter des clarifications sur cet appel au peuple algérien qui a suivi le déclenchement de la Révolution. De l'avis de tous les intervenants, cette déclaration n'était pas destinée en premier lieu à la lutte armée mais était beaucoup plus pour rassembler les Algériens. Ses auteurs ont même laissé à la France le choix. « En dernier lieu, afin d'éviter les fausses interprétations et les faux-fuyants, pour prouver notre désir de paix, limiter les pertes en vies humains et l'effusion de sang, nous avançons une plate-forme honorable de discussion aux autorités françaises si ces dernières sont animées de bonne foi et reconnaissent une fois pour toutes aux peuples... le droit de disposer d'eux-mêmes. » Sur l'origine du document, l'historien Nadhir Bachir a évoqué le nom du journaliste et chahid Mohamed Laïchaoui. Selon lui, c'est sous la dictée de Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf, qu'il avait rédigé la déclaration du 1er Novembre dans la boutique du militant Aïssa Kechida, à Alger. Et c'est au domicile des Zamoum, à Ighil Imoula, village situé en Grande-Kabylie, que Laïchaoui avait achevé le tirage de l'appel de 1.100 exemplaires. Le 16 novembre 1954 à Alger, Laïchaoui fut arrêté, torturé puis condamné à 18 mois de prison ferme, avant qu'il ne rejoigne les maquis de la Wilaya 4 et ne participe à la rédaction de la publication La Guérilla, lancée par Boualem Oussedik, Arselane Hamidi, Chouker et d'autres. Selon l'ancien moudjahid Salah Goudjil, qui a vécu la période de la préparation de la déclaration du 1er Novembre 54, l'appel était destiné au peuple algérien pour expliquer l'échec de la situation politique de l'époque. Salah Goudjil a rappelé la naissance du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) fondé le 23 mars 1954 par deux anciens de l'Organisation spéciale (Mostefa Ben Boulaïd et Mohamed Boudiaf) et deux Centralistes (Mohamed Dekhli et Ramdhane Bouchbouba). Ce groupe, qui a été créé pour unifier les rangs dans le but d'aller « vers des actions concrètes », n'a pas pu trouver une solution au conflit entre Messalistes et Centralistes. En juillet 1954, juste après le congrès de Belgique, Mustapha Ben Boulaïd est revenu en Algérie après le refus de Messali El Hadj de mettre fin au conflit politique. « C'est à ce moment que Mustapha Ben Boulaïd a appelé pour que cesse l'ère des leaders politiques en les remplaçant par le travail collectif ». L'ancien moudjahid, Salah Rahmouni, a évoqué, de son côté, le déclenchement de la lutte armée par le FLN qui avait appelé tous les Algériens, sans distinction aucune, à rejoindre la lutte armée. « Le slogan de l'appel était clair : le Front est votre front. La victoire est votre victoire ». « Toute personne qui voulait intégrer la lutte armée devait le faire sous la condition de démissionner de son parti politique », a rappelé Salah Rahmouni.