ACaire, la première étape moyen-orientale, les relations « tendues » ont laissé place aux assurances américaines sur les « bons indicateurs » et les « signes de progrès vers la démocratie » autorisant la relance de la coopération avec un « partenaire crucial ». Le rapprochement égypto-américain, fondé sur un dialogue tous azimuts avec les principaux dirigeants, a scellé l'ère tumultueuse de la gouvernance islamiste jugée défaillante, sectaire et source d'instabilité. La messe est dite. « Morsi a montré qu'il ne voulait pas ou ne pouvait pas gouverner en associant toutes les parties, ce qui lui a attiré la colère de nombreux Egyptiens », a récemment estimé la sous-secrétaire d'Etat, Beth Jones, devant les parlementaires américains, apportant une caution à l'intervention de l'armée, en réponse « aux désirs de millions d'Egyptiens qui pensaient que la révolution prenait un mauvais tour ». Fait significatif : le séjour de Kerry au Caire coïncide avec le procès du président islamiste destitué, arrivé, le lendemain du départ du secrétaire d'Etat, à bord d'un hélicoptère, pour répondre, avec ses 14 co-accusés, du grief d'« incitation au meurtre ». Le changement de cap ne souffre aucune équivoque. C'es,t donc, « dans les termes les plus clairs » que Kerry a appelé au resserrement des relations « en amis et en partenaires » pour valider le processus de normalisation politique et économique, fondée sur une transition « viable », « démocratique » et incluant « toutes les parties ». Dans la feuille de route, le président intérimaire, Adly Mansour, prévoit un référendum sur une nouvelle Constitution, actuellement en cours de rédaction, puis des élections législatives et présidentielle à la mi-2014. Mais aussi une normalisation économique qui ne peut se satisfaire du linkage, ni de l'idée de « punition », réfutée à bon escient par Kerry et, encore moins, d'une « assistance » avec l'Egypte soucieuse d'« élargir ses options » pour défendre ses « intérêts nationaux ». Le « recalibrage » de l'aide (1,5 milliard de dollars par an dont 1,3 milliard d'aide militaire), jetant en octobre un froid dans les relations entre les deux alliés, est sérieusement abandonné au profit de la lutte antiterroriste. La remise sur les rails du partenariat égypto-américain concerne tout aussi bien l'autre pilier de l'alliance stratégique : l'Arabie saoudite prenant ouvertement ses distances avec les Etats-Unis. « Nous ne sommes pas en bons termes avec les Etats-Unis », a écrit, dimanche, l'éditorialiste du quotidien Al-Riyadh, proche des autorités saoudiennes. « Il existe actuellement des divergences qui pourraient s'accentuer mais sans conduire à une rupture », ajoute le journal, soulignant que la crise syrienne était « un point de rencontre ou de distanciation ». Dans ces dossiers qui fâchent (Syrie et Iran), le secrétaire d'Etat oppose des différences « tactiques » sur la manière de « mettre fin à la guerre en Syrie, d'avancer en Egypte » et sur les « négociations entre le groupe 5+1 et l'Iran », a précisé sa porte-parole à Washington. Dans cette visite de clarification, Kerry a multiplié les déclarations rassurantes. Devant le personnel de l'ambassade des Etats-Unis à Ryad, il a souligné que « nous avons beaucoup de choses importantes à discuter, pour nous assurer que les relations américano-saoudiennes sont sur la bonne voie et qu'elles vont de l'avant ». Et, cerise sur le gâteau, la confirmation d'une transition en Syrie sans Bachar El Assad pour calmer les ardeurs d'un allié taraudé par le compromis de Genève 2, jugé défavorable. Tout pour sauver le partenariat stratégique avec ses alliés les plus importants dans la région ?