C'est sans doute le phénomène dont se plaignent le plus les citoyens. La bureaucratie se niche dans les banques, les APC, les hôpitaux et même dans les institutions éducatives. Elle met à rude épreuve les nerfs et fait perdre beaucoup de temps. Qu'il soit investisseur, citoyen désireux de se faire délivrer des documents, l'Algérien se perd et enrage dans les méandres de l'administration. Il se retrouve souvent impuissant devant des fonctionnaires qui, ces dernières années, semblent méfiants envers le travail de leurs semblables. Cela explique cette profusion de documents à légaliser. Cette posture dubitative atteint son paroxysme quand l'Algérien se voit demander le même document par différentes administrations. Il est vrai que le temps est au trafic à grande échelle, favorisé par les nouvelles technologies d'impression. Il doit y avoir pourtant un moyen d'y parer autre qu'en démultipliant les démarches qui font perdre du temps et de l'argent. Depuis des années, la lutte contre ce qui a été qualifié de mal a été bien souvent un coup d'épée dans l'eau. Rien n'a pu venir à bout de cette hydre. Ni les commissions, ni les campagnes ponctuelles, ni les professions de foi n'ont pu terrasser la bureaucratie qui, au fil des ans, s'est plutôt enracinée. Elle a redoublé de férocité au point de voir les plus hautes autorités du pays s'en alarmer. Lors des sorties du Premier ministre sur le terrain, ses attaques contre la bureaucratie et les appels à faciliter la vie du citoyen par l'élimination de ses manifestions les plus absurdes occupent une grande part dans ses discours. Il est souvent relayé par les citoyens qui décrivent et déplorent des situations à la limite de l'ubuesque ou de l'intolérable. Depuis quelques années, des efforts pour mieux recevoir les citoyens au niveau de certains services publics ont été enregistrés. Beaucoup d'entre eux ont amélioré leurs prestations en se dotant notamment d'outils informatiques. Les motifs d'insatisfaction n'ont pas pour autant disparu. L'action entreprise depuis quelques mois par le gouvernement est amplement justifiée. Elle ne semble pas se suffire d'engagements et d'intentions. Des mesures concrètes ont été prises pour se faire délivrer, dans de meilleures conditions, certains documents administratifs relevant de l'état civil. Jusque-là, obtenir le fameux et simple S12 obligeait l'Algérien à un veritable parcours du combattant. La création du poste de ministre délégué chargé de la Réforme du service public a donné le coup d'envoi d'une véritable opération qui, apparemment, ne s'inscrit pas dans le conjoncturel. Dernière manifestation de cette volonté d'en finir avec la bureaucratie, le prochain rattachement de la direction générale de la Fonction publique au département de M. El-Ghazi. Elle traduit une volonté manifeste de prendre à bras-le-corps un phénomène dont le coût social et économique a été dévastateur.