Le sujet fait débat, notamment dans les milieux scientifiques et industriels, en pointe sur ce nouveau créneau de l'impression en 3 dimension dont le potentiel explose, fait voler en éclat les limites des capacités de reproduction de tout une panoplie de choses, jusque là insoupçonnée. Techniquement, le procédé de l'impression tridimensionnelle présenté en détail sur le site de l'encyclopédie en ligne Wikipédia est « une technique de fabrication additive développée pour le prototypage rapide » qui se pratique grâce à trois différentes technologies : « le modelage par dépôt de matière en fusion), la stéréolithographie (SLA) (une lumière UV solidifie une couche de plastique liquide) et le fritage sélectif par laser (un laser agglomère une couche de poudre). » En fait, elle permet de reproduire un objet à partir d'un modèle réel, travaillé par ordinateur, avec un outil de conception assistée par ordinateur, qui modélise le fichier en 3 D et la transmet « vers une imprimante spécifique qui le découpe en tranches et dépose ou solidifie de la matière couche par couche pour obtenir la pièce finale. » D'après Wikipédia, « une panoplie de matériaux peut être utilisée : le plastique (ABS), la cire, le métal, le plâtre de Paris et davantage encore », tandis que les champs d'application « vont de l'industrie - la production de voitures, d'avions, de bien de consommation, etc.-, à la visualisation de projets, de vérification d'ergonomie pour l'architecture ou les études de design. »Cela va au-delà de tout cela, comme tend à le prouver la dernière trouvaille de la société américaine Solid Concepts qui a remis le dossier sur le devant de l'actualité en présentant, le 7 novembre dernier, un prototype fonctionnel du pistolet Beretta 1911, obtenu par impression en 3D avec de l'acier inoxydable. Le quotidien français Le Monde rapporte que par un reportage vidéo, mis en ligne, « l'entreprise montre l'assemblage et des séances de tir de l'arme, bien plus résistantes que le premier pistolet en plastique, le Libetator, qui ne pouvait tirer que quelques balles. » Le gouvernement américain se contentant pour le moment de froncer les sourcils, en attendant certainement de voir plus clair sur ce marché en ébullition qui posera à terme de sérieux problèmes de régulation. Le modèle Libertor, évoqué par le journal français, certes conçu en matière plastique, a néanmoins valu à ses concepteurs, une cinglante réaction du département d'état américain qui avait alors, en mai dernier, adressé un courrier très ferme, ordonnant le retrait du manuel de fabrication mis en ligne. D'après le site www.atlantico.fr, « Cody Wilson, à la tête du groupe Defense Distributed, a reçu une lettre peu sympathique du département d'Etat américain lui ordonnant de retirer les plans de son joujou du site Internet ». Le site précise par ailleurs tout l'honneur de cet étudiant de 25 ans « très fier de présenter son arme en plastique à laquelle il ne manque qu'une pièce de métal et un percuteur pour le rendre conforme à la législation américaine », ajoutant que ce pistolet en plastique « est composé de 16 pièces en plastique et d'un seul élément en métal. Il a été fabriqué à l'aide d'une imprimante 3D commandée sur eBay pour 8 000 dollars. » L'étudiant Cody Wilson, connu pour ses postions positions libertaires, a insufflé à son innovation, une empreinte « politique », notamment par le fait de s'immiscer dans le débat sur la régulation des rames, les responsables de la société. Son objectif était de démontrer les limites des arsenaux envisagés pour la limitation du port d'armes à point, et par le choix de la matière plastique, rendre l'arme indétectable, par les systèmes de contrôle. A l'opposé de ces ressorts, les responsables de la société Solid Concepts, à l'origine du dernier prototype en acier inoxydable, ont tenu à s'éloigner de toute manifestation de velléité politique. « Ce que nous voulions faire était de dissiper la notion habituelle que les pièces imprimées en métal ne sont pas assez solides ou précises pour des applications réelles », affirme dans la vidéo diffusée Philip Conner, un responsable de Solid Concepts cité par le quotidien Le Monde. Le modèle mis en ligne par Solid Concepts ne semble pas prêt de se diffuser en masse pour diverses raisons. Le produit n'est pour le moment pas aisément accessible au regard de son coût, alourdi par le prix élevé de l'imprimante utilisé, ainsi que par les opérations de traitement manuel nécessaire à l'affinage et à l'assemblage après impression. D'aucuns ont déduit que la société a juste saisi l'opportunité du débat en cours actuellement sur l'impression en 3D d'armes, pour faire du marketing pour sa technique. D'après le journal Le Monde, la société « dispose d'ailleurs d'une licence spécifique lui permettant de produire des armes légalement, selon Vice. La société propose d'ailleurs la vente de pièces d'armes imprimées, par correspondance. » A l'occasion de ce débat, l'occasion a été propice pour aller dans le détail de cette nouvelle technologie qui à terme devra bouleverser, pour ne pas dire révolutionner, beaucoup de procédés industriels. Le procédé convient en effet pour de nombreux usages et répond à des contraintes insurmontables, pour le moment. La BBC qui a regardé de près cette nouvelle technologie trouve ainsi qu'elle « permet en effet de créer des formes complexes, impossibles à obtenir avec les techniques classiques de moulage et d'usinage ». Le média britannique, repris par le journal Le Monde explique aussi que l'impression 3D n'engendre « pas, ou très peu, de perte de matériaux et le fait de réduire le nombre d'étapes du processus de fabrication apporte des bénéfices considérables en termes de coût », citant un responsable de l'Agence spatiale européenne, Franco Ongaro, qui confirme que « pour produire un kilo de métal, nous n'utiliserons qu'un kilo de métal, et plus 20 kilos ». La BBC rapporte également des éléments d'information sur le projet de l'Agence spatiale européenne (ESA) présenté, en octobre dernier à Londres à travers « les premières pièces métalliques obtenues grâce à une imprimante 3D ». Ce projet, baptisé Amaze, lancé en janvier dernier, a permis le lancement de l'installation des chaînes de production industrielle « sur différents sites en France, en Allemagne, en Italie, en Norvège et au Royaume-Uni. » Les Etats-Unis ne sont pas en reste sur ce domaine, comme le note la BBC qui rappelle que durant l'été dernier « la NASA avait déjà mis à feu un moteur de fusée dont l'injecteur avait été imprimé en 3D. Il avait été fabriqué par addition de couches successives de poudre d'un alliage de métal, sur la base d'un modèle numérique en trois dimensions » Parmi les premiers impacts positifs relevés par les ingénieurs de l'agence spatiale américaine, cet injecteur « a permis de dégager dix fois plus de poussée que les injecteurs conventionnels ». Pour l'heure les analystes scrutent l'horizon florissant de cette nouvelle technologie qui risque de bouleverser de nombreux secteurs de productions industrielles et induire également des retombées sociales importantes. Petit point à surveiller néanmoins, les retombées environnementales et sanitaires révélés par une équipe de recherche universitaire de l'Illinois aux Etats-Unis dans la revue Atmospheric Environment devant paraître courant novembre. D'après le quotidien Le Monde qui rapporte l'information, ils « ont mesuré des émissions de particules entre 11,5 et 115 nanomètres de dimension, à des débits entre 20 et 200 milliards par minute, selon le type de matériau utilisé , sur cinq imprimantes de marques tenues au secret pour éviter de les mettre à l'index, mises à l'épreuve pendant deux heures et demie. Pour Olivier Witschger, spécialiste de la métrologie des aérosols à l'Institut national français de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) qui a commenté ces travaux pour le journal Le Monde. « L'expérience est intéressante car, il y a quelques années, mesurer ces émissions dans des environnements professionnels était impossible. Les valeurs obtenues sont relativement élevées. Les particules fines peuvent se déposer dans les voies respiratoires et il convient d'être prudent ». De son côté, une autre équipe de recherche américaine de l'université de Massachusetts-Lowell est également parvenue à la conclusion que « certaines nanoparticules utilisées dans ces copieurs causent des inflammations ».