La présidentielle de novembre 2011 plane sur la scène politique en Egypte où la guerre des affiches a déjà commencé. Depuis ce week-end, la police enquête sur une campagne anonyme d'affichage et de graffitis appelant à la candidature de Omar Souleïmane (74 ans), un homme qui n'a jamais exprimé publiquement le désir de se porter candidat à la présidence. Les affiches de soutien au chef des services des renseignements, présenté comme « la réelle alternative » pour diriger le pays après Hosni Moubarak (82 ans), ont été retirées et les journaux qui ont rapporté la nouvelle ont été envoyés au pilon et priés de ne pas évoquer cette « initiative » mystérieuse qui sème la confusion. Selon certains analystes, ces « histoires » d'affiches n'auraient qu'un but : détourner l'opinion des enjeux que constituent les élections législatives, prévues fin novembre. Sur le terrain, les faits semblent têtus. Des campagnes de soutien ont déjà été lancées. Comme celle de Gamal Moubarak, 46 ans, le fils cadet du raïs qui est de tous les voyages officiels à l'étranger, dont celui de Washington qui a donné le coup d'envoi aux pourparlers directs israélo-palestiniens. Ou celle de Mohamed el-Baradei (68 ans), l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui a provoqué un boucan médiatique en voulant forcer le gouvernement à amender la Constitution pour faire sauter les barrages constitutionnels qui empêchent les candidatures indépendantes. Même si tout le monde sait que son parcours ne constitue pas un poids de nature à menacer le fils du raïs qui a initié une campagne dans les quartiers populaires égyptiens et sur l'Internet ou Omar Souleïmane. Ou encore celle du raïs que le Parti national démocrate soutient « inconditionnellement » pour un sixième mandat, selon Safouate Cherif, son secrétaire général. Cette déclaration qui tord le cou à l'agenda du parti qui doit trancher l'été prochain, ne semble pas avoir réussi à mettre fin à la polémique sur les candidatures et les collectes de signatures anticonstitutionnelles. En dépit des rappels à l'ordre des autorités, la tendance du parti qui soutient Moubarak Junior poursuit son œuvre en «déterrant» «Gamal, tu es l'idole de millions d'Egyptiens !» une chanson des années 1950, dédiée à Gamal Abdel Nasser. Ballon d'essai pour « mesurer » la popularité du stratège en chef depuis 2000 du parti ? Selon le journal Al-Chorouq el-Gedid, une étude commandée par le PND il y a six mois a montré que seuls 9% des sondés le soutiennent. L'Egypte serait-elle, au milieu de ces campagnes, à la croisée des chemins ? La campagne de dénigrement lancée contre El Baradei laisse croire que quelque chose se passe en Egypte. « Une telle campagne représente la seule réponse (...) du régime à ceux qui réclament la démocratie », dit-il, accusant les autorités d'avoir publié sur le réseau social Facebook des photos de sa fille, une avocate à Londres, en maillot de bain et lors de son mariage où du vin est servi.