L'avant-projet de décret exécutif portant création, organisation et fonctionnement des circonscriptions sanitaires, proposé par le ministère de la Santé, suscite déjà le rejet de certains syndicats. Ces derniers estiment qu'il est encore trop tôt de se lancer dans une autre structuration du secteur alors que le programme de la dernière carte sanitaire lancé en 2007 n'est toujours pas achevé. Ils n'adhèrent pas également à l'idée que des unités de santé de proximité (USP), de soins hospitaliers, dénommées hôpital général (HG) et de soins hospitaliers spécialisés (USHS), soient gérées par des responsables de la collectivité locale, comme l'indique l'article 10 de l'avant-projet. « La circonscription sanitaire est administrée par un conseil d'orientation dirigé par un DG au niveau du chef-lieu de wilaya ou de la circonscription administrative et un directeur au niveau de la daïra », stipule l'article 10 de l'avant-projet. Le conseil d'orientation est présidé par le wali ou son représentant des APC, Sécurité sociale, associations du secteur de la santé, les directeurs des différentes unités de la circonscription sanitaire... Pour le Pr Nacer Djidjelli, président du Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales (SNPDSM), le nouveau dispositif ne peut être réalisé qu'après l'établissement d'un bilan de l'ancienne carte sanitaire lancée il y a quatre années par Amar Tou, à l'époque ministre de la Santé. « C'est insensé de chambouler tout un processus qui vient juste d'être mis en œuvre », signale-t-il, en s'interrogeant sur l'opportunité d'une telle démarche qui va exiger des dossiers, des arrêtés et autres documents. Le syndicaliste pointe un doigt accusateur vers les directeurs centraux. « Les directeurs centraux ont suggéré et élaboré l'ancienne structuration du secteur de la santé du temps d'Amar Tou, dans laquelle, on a dissocié les polycliniques et les établissements public de santé de proximité (EPSP) des établissements publics hospitaliers (EPH). Aujourd'hui, ils font la même chose en constatant la défaillance du système mis en place », estime-t-il. Et dans sa réponse au ministre, le Pr Djidjelli a émis des réserves. « Je ne suis pas d'accord avec cet avant-projet. D'abord, il faut inviter tous les professionnels à discuter de ce texte fondamental. Evitons la précipitation », conseille-t-il. Même appréciation du porte-parole des praticiens de la santé publique, le Dr Lyès Merabet. Pour lui, il faut d'abord faire une halte avant de se lancer dans une autre structuration qui déstabilisera, encore une fois, le secteur de la santé. « Nous estimons qu'il faut faire une halte à travers laquelle on peut établir un bilan exhaustif et identifier les choses positives et négatives de la structuration lancée en 2008. Mais je pense que ce débat a été occulté pour lancer hâtivement une autre carte sanitaire où les P/APC, les chefs de daïra vont prendre en charge la gestion des EPH et des EPSP », observe-t-il. Du côté de la tutelle, on rappelle que l'autorité sanitaire a le devoir de prendre toute mesure pouvant corriger les dysfonctionnements. Le responsable de la communication au ministère de la Santé, Slim Belkassem, a signalé que cette même autorité a décidé de mener une action dans un cadre de partenariat en associant l'ensemble du personnel et des partenaires sociaux. « La carte sanitaire mise en place en 2007 a permis de grands acquis dans le domaine des soins de base notamment par la réservation de budgets à prévention. Cependant, elle est à l'origine de dysfonctionnements majeurs altérant la pyramide des soins », dira M. Belkessam, en précisant que l'avant-projet qui est actuellement soumis à débat a pour ambition de finaliser une nouvelle organisation, en instaurant des liens logiques en matière de soins sur une base de territorialité, d'une part, et de promouvoir les soins de proximité, d'autre part.