Les spécialistes des maladies cardiovasculaires ont insisté, hier, à Alger, sur la nécessité d'une stratégie de prise en charge efficace de l'infarctus du myocarde selon des modalités modernes, à l'instar de ce qui se fait dans les pays développés, lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion de la distinction de l'Algérie pour l'étude clinique Atlantic, réalisée par un groupe de chercheurs spécialistes en cardiologie, en partenariat avec le laboratoire Astra Zeneca (100%) et Clinica Group. L'affection est à l'origine de 17,3 millions de décès par an dans le monde, dont 25.000 en Algérie. Elle se manifeste le plus souvent de nuit ou au repos par une douleur d'apparition brutale. Il faut savoir que le facteur temps est très important dans la prise en charge de l'infarctus du myocarde. « La prise en charge pré-hospitalière par les urgences mais aussi le transfert des patients par des moyens de transport médicalisés vers des centres spécialisés sont des éléments cruciaux qui interviennent directement dans le pronostic vital du patient », ont fait savoir les spécialistes. Chaque minute compte pour sauver le malade. A ce titre, les spécialistes ont appelé à une organisation efficace des réseaux urgentistes et du Samu. La réhabilitation du médecin de famille et du médecin généraliste est une urgence qu'il faut prendre en charge en vue de sauver des vies humaines car beaucoup de malades décèdent avant leur évacuation à l'hôpital. « Le délai entre l'apparition de la douleur et la prise en charge médicale du malade conditionne la stratégie thérapeutique », a indiqué le Pr Jamel Eddine Nibouche, chef du service cardiologie du CHU Parnet. Pour le Pr Bouafia, cardiologue au CHU de Blida, les affections cardiovasculaires sont « extrêmement graves » et constituent la première cause de mortalité dans le monde et en Algérie, suivies du cancer. L'étude Atlantic s'inscrit justement dans ce cadre-là. Elle a porté sur un échantillon de 1.800 patients dans le monde, âgés de plus de 18 ans, et présentant des symptômes d'infarctus du myocarde. Des services de cardiologie ont été sélectionnés pour prendre en charge les malades dans les services d'urgence qui vont les transférer dans les services dits de référence pour qu'ils puissent bénéficier d'une intervention coronarienne percutanée (angioplastie). « Les patients retenus pour cette étude sont d'abord gérés par les urgentistes avant d'être transférés dans la salle de cathétérisme pour une angioplastie primaire », ont précisé les spécialistes. « Cette étude prouve si besoin est le niveau d'excellence atteint par la cardiologie algérienne. Elle montre aussi l'intérêt de développer les réseaux de prise en charge incluant, autour d'un centre de cardiologie interventionnelle, toute une panoplie de médecins allant de l'urgentiste au cardiologue en passant par le réanimateur. C'est à ce prix, avec la lutte contre les facteurs de risques cardiovasculaires (hypertension, diabète, tabagisme, stress), que l'on pourra espérer réduire la mortalité de ce fléau grave », a expliqué le professeur Bouafia.