Ce fut l'artisan des gloires du handball algérien avec dix années de triomphe au niveau africain. Aziz Derouaz qui avait pris les commandes de l'équipe nationale messieurs en 1981, a arraché 5 titres continentaux jusqu'en 1989. Précurseur de la défense avancée, il a donné au sept national du prestige. Dans cet entretien, il nous rappelle ses souvenirs avec les championnats d'Afrique. Il parle des matches les plus difficiles qu'il a gagnés. Il revient sur la coupe d'Afrique de 1989 et le fait marquant après la victoire. Il évoque l'actuelle équipe nationale et ses chances de gagner le sacre africain. L'Algérie organise à partir du 15 du mois en cours les 21es championnats d'Afrique de handball. Qu'avez-vous comme souvenirs de cette échéance que vous avez l'honneur de remporter 5 fois consécutives ? C'est une grande fierté d'avoir procuré tant de joie au peuple algérien. En gagnant ces 5 coupes d'Afrique, nous avons réalisé un record dans les sports collectifs. Pour dominer l'Afrique, il y a eu un travail de longue haleine et beaucoup de sacrifices. Nous avons eu l'honneur de travailler avec des gens intègres qui ont servi la discipline avec dévouement. Sur les 5 coupes que vous avez remportées, quelles sont celles qui vous ont marqué ? Je n'ai pas de préférence particulière. Le premier trophée remporté en 1981 en Tunisie était le début d'une belle épopée. Nous avions pris notre revanche sur la Tunisie qui nous a barré le chemin du titre en 1976 et 1979 à Brazzaville (Congo). Le succès de 1983 en Egypte a été arraché dans des conditions d'adversité particulières. Nous avions souffert en demi-finales et en finale avant de prendre le meilleur sur l'Egypte et le Congo. Le sacre arraché en 1985 en Angola reste également un souvenir inoubliable. Nous l'avions aussi remporté dans un environnement pas favorable. En 1987, au Maroc, nous avons gagné haut la main la coupe. C'était l'apogée de notre équipe nationale. Les joueurs avaient atteint un degré très élevé de maturité. En 1989, ce fut la cerise sur le gâteau avec la coupe gagnée devant notre public et dans notre salle fétiche Harcha Hacène. Durant les championnats d'Afrique de 1989, l'équipe nationale a dû cravacher dur avant de terminer championne devant l'Egypte (19-18). Qu'est-ce qui a rendu votre mission aussi difficile ? Avant l'Egypte en 1989, nous avions eu des finales très disputées comme la finale de 81 face à la Tunisie que nous avons battue dans la dernière minute du match. En 89, nous n'étions pas bien prêts physiquement. C'est ce qui a fait que la finale s'est jouée sur un détail. Notre rival s'est déplacé en Algérie en conquérant. Quelle a été la clé de la victoire face aux Pharaons ? Manquant de préparation, nous avions comme atout le talent individuel et collectif. A cela s'ajoute la volonté d'acier de nos capés. Leur rage de vaincre avait suffi pour revenir au score, alors que nous avions deux buts de retard (11-13) en première période. Il ne faut pas aussi oublier que notre défense a été à la hauteur, annihilant le plupart des attaques adverses. A la fin de la finale, le public a jubilé. Y a-t-il un fait que vous a marqué ? C'était un bonheur exceptionnel de voir tout le pays fier de son équipe nationale. Le fait qui m'a marqué est quand les supporters qui m'ont porté sur leurs épaules. Ce sont des moments qui me reviennent en mémoire régulièrement. Je n'oublierai jamais la présence dans la salle du défunt Premier ministre, Kasdi Merbah. A l'instar des autres responsables, il était très ému. Pensez-vous que l'équipe nationale est capable de gagner la coupe d'Afrique en 2014 ? L'équipe nationale a les moyens de remporter le titre. Je l'ai constaté durant les éditions de 2010 et 2012 en Egypte et au Maroc. En dépit d'un manque flagrant de préparation, nos sélections ont montré qu'elles peuvent bousculer la hiérarchie tuniso-égyptienne. Cela est possible même si le handball accuse un retard à cause de la crise dont il a souffert récemment. J'aurais aimé qu'on organise l'édition de 2016 en Algérie au lieu de 2014. Cela nous aurait permis de mettre en place une stratégie de relance de notre petite balle. En deux ans, nous aurions pu facilement reprendre notre place de leader du continent. L'ex-bureau fédéral a fait une erreur. Que faudra-t-il avoir pour être champion d'Afrique ? Nous allons prendre un gros risque si nous nous concentrons d'emblée sur la finale face à l'Egypte ou la Tunisie. Il faudra se focaliser avant cela sur les premiers tours. Nous ne devons en aucun cas sous-estimer les équipes de l'Afrique subsaharienne. Si nous arriverons à bien négocier les premières rencontres, nous pourrons réaliser le grand exploit. Etes-vous optimiste ? Si je ne l'ai pas été, je n'aurais jamais gagné 5 titres africains en majorité dans un contexte difficile. Si nous nous qualifions en finale, je suis persuadé que le public aura un grand rôle à jouer pour mener l'équipe vers le sacre.