Les accros de la petite balle qui ont vécu la période faste des années 70 et 80 n'oublieront jamais la légende skikdie, Mouloud Mokhnache. Par son sérieux, son professionnalisme et sa détermination, il avait contribué aux trois premières consécrations africaines de l'équipe nationale en 1981, 1983 et 1985. Portant les couleurs du Nadit Alger entre 76 et 83 et la JSM Skikda de 83 jusqu'à 99 comme joueur-entraîneur, l'ancien arrière et ailier droit a laissé son empreinte dans l'histoire de la petite balle avec son esprit de guerrier et sa force de tir explosive. Dans cet entretien, il parle avec émotion des trois participations africaines. Il se rappelle du match référence qu'il a joué durant ces trois compétitions continentales. Il cite les raisons qui ont causé la régression de notre handball. Il donne un pronostic sur l'édition de 2014. Que pouvez-vous nous dire sur les championnats d'Afrique que vous avez remportés en 81, 83 et 85 ? Je me souviens toujours de nos trois trophées gagnés à l'extérieur. Le handball algérien était à notre époque infiniment respecté. Les pays africains, notamment nos voisins, nous prenaient comme idoles et modèles à suivre. Toutes les coupes que j'ai remportées avec le sept national resteront gravées à jamais dans ma mémoire. Ce fut le fruit d'un long processus de formation et de mise en place d'une défense avancée et d'un style de jeu algérien. Quelle a été l'édition que vous considérez comme la meilleure ? Le sacre gagné en Egypte en 1983. Mais j'estime que le trophée remporté en 1985 en Angola face à la Tunisie a plus de saveur par rapport aux autres. Durant cette compétition, nous avons joué une finale qui a tenu toutes ses promesses. C'est une référence au vu de son niveau très élevé et de son suspense. Durant la première mi-temps, nous avons eu un duel de fer avec les Aigles de Carthage. Les débats étaient serrés. D'ailleurs, les deux formations se sont neutralisées (13-13) durant la première période. Je me souviens que Derouaz nous avait demandé de prendre un peu d'eau et de revenir tout de suite sur le parquet. Une décision qui nous a permis de faire une très bonne deuxième mi-temps et battre la Tunisie avec cinq buts d'écart. Quelle était la nature des relations que vous aviez avec Aziz Derouaz ? Derouaz restera le symbole du handball algérien. J'ai eu l'honneur de l'affronter comme joueur, avant de devenir un de ses protégés en équipe nationale. Il y a toujours eu un respect entre nous. Grâce à son savoir-faire et sa maîtrise technico-tactique, nous avons réalisé de grandes performances. Cela n'aurait pas été possible si Derouaz n'était pas notre coach. Il faut souligner aussi que nous avions une pléiade de joueurs surdoués. Quel a été l'apport des responsables à l'époque ? Nous avions des dirigeants et des présidents de fédération qui se sacrifiaient beaucoup pour la discipline. Question moyens, nous n'avions pas la chance d'avoir les commodités dont bénéficient aujourd'hui les joueurs. Avec le strict minimum, nous arrivions à honorer le pays. La politique sportive nous encourageait aussi à briller. Nous n'avons jamais pensé à l'aspect financier, vu que nous avons choisi le sport de performance. Après six coupes d'Afrique, l'équipe nationale a dégringolé au rang d'outsider devant la montée en puissance des Tunisiens et des Egyptiens. Quelles en sont les causes ? Certains présidents de club et des gens qui n'ont rien à voir avec le handball ont pollué l'atmosphère. Au moment où nous avions négligé la formation et le développement, les Tunisiens et Egyptiens ont retenu les leçons. Ils ont pris de l'avance en nommant des coaches étrangers. Je ne suis pas en train de remettre en cause les capacités de nos techniciens. Mais il est temps de s'inspirer du passé quand Costache a mis notre petite balle sur la bonne voie. Après son départ, Derouaz avait pris le relais. La suite tout le monde la connaît avec la glorieuse décennie. L'équipe nationale pourra-t-elle reprendre son titre perdu depuis 96 lors de la 21e édition prévue durant ce mois à Alger ? J'espère que la volonté des joueurs suffira. L'idéal est de viser avant tout la qualification au prochain championnat du monde prévu en 2015 au Qatar. Il faut rester réalistes. Nous avons encore du retard par rapport à la Tunisie et à l'Egypte. Ces deux sélections se préparent en jouant plusieurs matches amicaux de haut niveau. Malheureusement, notre préparation n'a pas été à la hauteur de l'évènement. Cependant, le fait de jouer devant notre public pourrait être un atout précieux. Question qualités intrinsèques, nous possédons de bons éléments. En revanche, certains n'ont pas encore le niveau pour défendre les couleurs nationales. Concernant les professionnels, le pivot de Dunkerque Mokrani est, à mon avis, la pièce maîtresse de l'équipe. Selon le tirage au sort, le Sept national n'affrontera ni l'Egypte ni la Tunisie avant la finale. Pensez-vous que cela arrange les équipiers de Slahdji ? Oui. Mais il faudra se qualifier en finale avec un effectif indemne de blessures. En dépit de la mission délicate qui attend les Verts, je leur souhaite de faire de cette coupe d'Afrique une nouvelle gloire. Êtes-vous invité ? Je n'ai pas encore reçu d'invitation. Même si je serais absent, mon cœur sera avec l'équipe nationale.