De la crise des banlieues passées au Kärcher au débat sur les mesures spécifiques de retrait de la nationalité, la France sens dessus-desous est menacée dans son équilibre interne tiraillé par les tentations communautaires. La commission des droits de l'homme du conseil de l'Union européenne a sévi durement contre la France de Sarkozy vivement interpellé et rappelé à l'ordre sur la procédure d'expulsion massive des Roms de Bulgarie de la Roumanie. Dans une résolution non contraignante, adoptée par 337 voix (contre 245), la politique de discrimination ethnique et la violation des droits de l'homme a été dénoncée. Des critiques se sont abattues sur Paris accusé, comme c'est le cas de Fidel Castro, de commettre un «espèce d'holocauste racial». Loin de vouloir s'estomper, en raison de la levée de boucliers généralisée, la « démarche systématique » de démantèlement des camps illicites qui a provoqué l'exode forcée de près de 9.000 « gens du voyage», est appelé à se poursuivre. Malgré les assurances du ministre de l'Immigration, Eric Besson, et la volonté de coopération franco-roumaine, la circulaire de l'Intérieur du 5 août, vient rappeler aux préfets les « objectifs » prescrits de démantèlement de 300 autres camps dans les 3 mois qui suivent. Dans un climat de « French bashing » qualifiant les attaques féroces anti-françaises, le couac politico diplomatique de la Franse de Sarkozy traduit les limites de la vision de « l'immigration choisie » et le péril de la lepénisation rampante de la République en perte de repères identitaires et de valeurs fondamentales. De la crise des banlieues passées au Kärcher, au débat sur les mesures spécifiques de retrait de la nationalité, la France sens dessus-dessous est menacée dans son équilibre interne tiraillé par les tentations communautaires. La chasse aux Roms vouée aux pires gémonies est un moment particulier de cette dérive raciale et communautaire qui explose à la face de la patrie des droits de l'homme ergotant sur un brillant héritage civilisationnel. Cette réalité repoussante, assimilée par le commissaire européen aux droits de l'homme, le Suédois Thomas Hammaberg, à une rhétorique comparable à celle des « nazis et des régimes fascistes », est interprétée comme étant fondamentalement antinomoque avec les valeurs universelles de la France. Pour le sociologue Michel Wieviorka, l'européeo- pessimisme s'explique par le fait que « le pays qui aime à se mettre en avant et vient donner des leçons au monde sur la tribune de l'ONU… est pris en flagrant délit de petitesse et de contradiction avec son propre discours ». L'image de la France en crise morale et politique se reflète dans la situation de « the incredible shrinking president » (l'incroyable président qui rétrécit), selon la formule usitée par le magazine britannique The Economist, un Sarkozy en perte de crédibilité et plombé par la succession de scandales politico-financiers et le marasme social généralisé. Dans ce mandat des valeurs républicaines sacrifiées sur l'autel des intérêts politiques et de la surenchère électoraliste, la France tremble dans ses fondations les plus sûres.