img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P140109-18.jpg" alt=""C'est au gouvernement de prendre ses responsabilités"" / Dr Kamel Eddine Fekhar, militant de la démocratie et pour le respect des droits humains. Membre du conseil national et du bureau directeur de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh). L'Expression: Quelle lecture faites-vous des affrontements intercommunautaires qu'a vécus la région de Ghardaïa? Kamel Eddine Fekhar: Ce qui se passe à Ghardaïa est un épisode d'un film ancien c'est le 16e ou le 15e épisode des événements de l'indépendance jusqu'à maintenant. Des événements qui se produisent de façon cyclique et je ne comprends pas le pourquoi de cette périodicité. Il faut savoir que ces événements ont touché presque toutes les villes de Ghardaïa. Les sept villes que compte Ghardaïa. La première et la plus importante, c'était en 1975 à Béni Isguen. En 1985 à Ghardaïa, 1989 à Guerrara, 1991 à Berriane, encore Berriane en 2008,... Puis ces derniers temps, les événements s'accélèrent, Guerrara, M'lika, Ghardaïa... est-ce qu'il y a un lien entre tous ces événements? Avec le temps, ça se confirme de plus en plus. L'élément déclencheur, ce n'est pas si important. A Guerrara dernièrement, soit-disant c'est un match de foot qui a provoqué l'étincelle. A Ghardaïa, les jeunes ont été laissés pendant trois jours fermer la ville complètement sans que la police n'intervienne. Au bout du quatrième jour, ils commençaient à s'attaquer aux commerçants mozabites. Et quand les commerçants baissaient rideau pour défendre leurs magasins, la police est venue en force et ces éléments n'ont pas arrêté ceux qui attaquaient avec des pierres et des sabres et autres armes blanches, ils ne faisaient que lancer des bombes lacrymogènes vers les commerçants mozabites. Maintenant, la différence entre les autres événements et l'événement de Ghardaïa, ce sont les vidéos, les films et les photos qui montrent au monde entier la vraie réalité des faits... Nous ne faisons pas confiance aux commissions d'enquête nationales. Il faut qu'il y ait des commissions internationales. Vous en tant qu'habitant de Ghardaïa, avez-vous tenté le dialogue pour trouver une sortie de crise? Pour ce qui est de cette histoire de dialogue et de sages, il faut savoir qu'on vit en Algérie, ni en Suisse ni en France ni ailleurs... ici en Algérie on connaît bien le fonctionnement des choses. Même les élus du peuple n'ont aucune prérogative. Le maire de Ghardaïa s'est caché dans sa maison comme toute la population. Que va faire un sage devant un policier qui a ouvertement pris partie, par exemple. Ce n'est pas un affrontement entre deux communautés, c'est une agression du pouvoir contre la communauté mozabite. S'il y a des sages, ils n'ont qu'à prôner un dialogue entre les Mozabites et le pouvoir. En Algérie, les walis, les chefs de daïra, suivent les ordres du ministère de l'Intérieur, le ministère de l'Intérieur suit les ordres du Premier ministre. Le Premier ministre suit les ordres de la présidence de la République... Nous ne sommes pas dans un Etat démocratique. Aujourd'hui les commerçants et les écoliers sont en grève. Pourquoi ces actions? Ce sont des grèves ouvertes. Les populations mozabites vivent dans le stress, l'angoisse et la peur. Pour nous, ces deux sont une réponse pour le gouvernement et les soi-disant sages mozabites qui ont été reçus par le Premier ministre. Comme quoi nous ne reconnaissons pas la représentativité de ces pseudo-sages et n'acceptons pas qu'on nous prenne pour des mendiants. Dans la région de Ghardaïa, il existe sept villes ou est établie la communauté mozabite. Est-ce que vous comptez élargir ce mouvement de grève dans les autres villes? La ville la plus grande c'est Ghardaïa. Il faut savoir que les autres villes ne sont que des villes-dortoir. Les grands commerces sont toujours établis à Ghardaïa. Tous les Mozabites où ils sont établis, ont manifesté leur solidarité. Le plus important aujourd'hui, c'est qu'il y a une véritable prise de conscience de la citoyenneté chez la communauté mozabite. Quelles sont vos attentes aujourd'hui? Et quelle est votre vision sur l'évolution de cette crise? Le gouvernement est arrivé dans un carrefour concernant ces événements. Soit il doit se comporter en tant que gouvernement responsable, indemniser les gens, interpeller tous ceux qui sont à l'origine de cette violence ainsi que tous ceux, dans les services de sécurité impliqués dans des dérapages très graves. Entretenir et restaurer le cimetière endommagé. Soit ils ne vont rien faire et aller vers l'usure. Mais là ça serait une grave erreur.