Organisant un point de presse en marge de la visite du ministre des ressources en eau, Abdelmalek Sellal, à Tamanrasset, Daho Ould Kablia est revenu sur les événements qui ont secoué la localité de Berriane, située dans la wilaya de Ghardaïa. Tamanrasset : De notre envoyée spéciale Sans vouloir dévoiler les résultats de l'enquête menée par une commission installée par le ministère de l'Intérieur, le ministre délégué chargé des collectivités locales a expliqué l'envenimement de la situation dans cette région par à la fois l'émergence de disparités sociales entre les communautés malékite et mozabite ainsi que par des « interférences » et des « manipulations ». Le ministre a souligné que « la crise identitaire est artificielle. Elle a été accentuée depuis quelques années par des interférences » dit-il, sans préciser de quel genre d'interférences. « De la manipulation oui il y en a. Je ne pense pas aux partis, mais ce n'est pas à moi de le dire. Les responsabilités sont difficiles à situer », a indiqué encore Ould Kablia. Ceci et de noter : « Lorsqu'un jeune brûle un pneu, il fait de la politique. Lorsque les gens auront du travail, un logement, et des centres de loisir et de détente, ils ne feront plus de politique », a signalé le ministre, en alertant que c'est l'unité de la nation qui est en jeu. Interrogé sur la demande d'officialisation du rite ibadite, le ministre précise qu'il « ne s'agit pas d'une demande mozabite. Que celui qui le dit en assume la responsabilité », précise-t-il, en notant que le rite ibadite est reconnu par le corpus islamique « sur 8 rites, 4 sont sunnites, 3 chiites et 1 ibadite. Ils sont libres de l'enseigner et ne subissent aucun chantage ». Au sujet du reproche fait aux autorités par les Mozabites sur leur absence aux hautes fonctions de l'administration, le ministre a souligné : « Je suis dans le département de l'Intérieur depuis 1963 et l'Ecole nationale d'administration n'enregistre pas plus de quatre Mozabites qui choisissent de leur propre volonté de ne pas y aller. Ils préfèrent tenir des boutiques et ont choisi le commerce. Il ne faut pas nous reprocher cela », mentionne-t-il. Revenant sur le caractère social de la crise, Ould Kablia déclare : « Les arabes et mozabites cumulent des décennies d'une cœxistence qui était plus ou moins fragile à cause des mentalités et formations sociales différentes. Le mozabite obéit à un moule défini par les traditions, et le malékite n'est pas tenu pour sa part par un formatage précis. Il ne faut pas perdre de vue non plus le problème du chômage qui a exacerbé les tensions », révèle-t-il. « Il est exclu de diviser la ville » Ould Kablia estime en outre que si Berriane a été touchée c'est parce qu'elle est la seule de la périphérie du M'zab à compter une population arabe et mozabite d'égale importance. « Je me suis lancé dans cette affaire, parce que j'ai des amis dans les deux camps, et la confiance des deux parties », note le ministre, avant de préciser que la situation actuellement s'est améliorée et reste à régler le problème de ghettoïsation né du déplacement des populations d'un camp comme de l'autre. « Nous avons réglé le problème de la scolarisation et renforcé la sécurité en mobilisant 10 escadrons de la gendarmerie et 9 agents de l'unité républicaine de sécurité », dit-il en réfutant l'existence d'un laxisme de la part des services de sécurité durant les événements. « La police n'a pas laissé pourrir la situation, pour des considérations sociales, les policiers étaient cantonnés à l'extérieur des villes mozabites en signe de respect. Maintenant qu'ils contrôlent la situation de l'intérieur, les choses vont mieux. Mais cela ne plaît pas à tout le monde », atteste le ministre, en soulignant que les policiers ont enregistré le plus grand nombre de blessés dans ce conflit. Au sujet de la division de la ville de Berriane comme solution à ce problème, Ould Kablia affirme que « c'est exclu et non envisagé » et qu'une enveloppe de 1,9 milliard de dinars a été allouée au développement de la ville pour cette année 2009. Interrogé sur l'intervention des notables pour apaiser la situation alors qu'il s'agit du rôle de l'Etat, le ministre estime : « Un de nos objectifs c'est de faire en sorte d'accorder un maximum de crédibilité et de soutien à ces notabilités. C'est un système de représentativité ancestrale et ce serait une erreur de la faire disparaître. Ce n'est pas qu'on veuille substituer cette autorité locale à l'Etat, mais il s'agit d'un moyen d'asseoir une certaine hiérarchie. » Concernant les demandes formulées par les deux communautés, les ibadites veulent le départ du chef de daïra et les malékites réclament la dissolution de l'Apc, le ministre annoncera que « le chef de daïra ne sera pas renvoyé dans l'immédiat, et il n'y aura pas de dissolution de l'Assemblée communale. Ce n'est pas aux représentants de ces communautés de décider ».