Lors d'une conférence-débat organisée, hier, par l'association Machaâl Echahid au forum d'El-Moudjahid sur le système de santé dans la Wilaya V historique, le Dr Mohamed Guentari, ancien maquisard et historien, a tenu à évoquer le rôle qu'a joué Benaouda Benzerdjem dans l'organisation du système de santé dans cette wilaya historique. Selon l'historien, c'est grâce au défunt que des infirmières et infirmiers ont été formés en 1956 pour soigner les combattants blessés. « Au début du déclenchement de la Révolution, nous n'avions presque rien pour secourir les blessés. Nous ne savions même pas comment faire face à un blessé qui nécessitait des soins intensifs ou une intervention chirurgicale. Au début, c'étaient les éléments des scouts musulmans qui s'occupaient des combattants de l'ALN blessés », se souvient-il. « L'armée française a même eu recours aux armes biologiques. Nous étions habitués à l'artillerie et aux obus ainsi qu'aux bombes larguées par des avions mais pas à ces armes. Certains moudjahidine avaient tout le temps des maux de tête et nous n'avions pas encore compris l'origine de ce mal », témoigne l'ancien moudjahid. « L'Algérie aurait dû dénoncer au monde entier le génocide commis par les Français durant la guerre de Libération à travers des documentaires et des films », estime Mohamed Guentari. L'historien évoque les difficultés à évacuer les blessés de l'ALN pris dans le piège des champs de mines. Concernant le médecin Benaouda Benzerdjem, il a rappelé qu'il avait terminé ses études de médecine en 1948 en France pour ouvrir ensuite un cabinet de pédiatrie à Tlemcen. « Il avait travaillé dans un hôpital à Oujda, au Maroc, avant de s'installer en Algérie. Et c'est là que Benaouda Benzerdjem a commencé à former des infirmières et infirmiers, au même titre qu'un autre médecin, un certain Abdeslam Haddane, qui activait dans l'est du pays », a précisé M. Guentari. L'ancien moudjahid, le Dr Ahmed Lamkami, a précisé que jusqu'à présent, personne ne connaît la raison de l'assassinat de Benaouda Benzerdjem par l'armée française. « Tout ce que nous savons, c'est qu'il était souvent sollicités par les chefs de l'ALN pour soigner des moudjahidine gravement blessés et qu'on ne pouvait transporter. Il était aussi un trait d'union avec un curé français qui alimentait l'ALN en médicaments », signale-t-il. Des combattants de l'ALN avaient demandé au Dr Benzerdjem de leur acheter une ronéo pour imprimer des tracts. Ce qu'il avait fait. Son assassinat avait provoqué un soulèvement populaire à Tlemcen et incité les étudiants à prendre le maquis.