Depuis le début des incidents à Ghardaïa, des partis politiques soulignent l'urgence d'une intervention ferme de l'Etat et l'établissement d'un dialogue entre les représentants de la société civile de la région. Le FLN, qui a dépêché un parlementaire à Ghardaïa, pour qui ce conflit n'est pas nouveau, estime que les éléments des services de sécurité ne pouvaient pas se déployer rapidement, et ce, en raison du manque de brigades d'intervention. « Les événements de Ghardaïa ne datent pas d'aujourd'hui, la ville de Guerrara a connu les mêmes incidents durant les années 1989 et 1990. La ville de Berriane a été également secouée par la colère des citoyens. Ceci pour dire que la situation est très sensible dans cette région où vivent deux communautés, les Chaâmbi et les Mozabites », explique le chargé de mission du FLN, originaire de la région. « Avant, c'étaient les sages de la ville qui intervenaient pour ramener le calme. Aujourd'hui, nous avons affaire à de jeunes excités qui n'obéissent à personne. C'est pour cette raison que l'intervention des sages n'a rien donné », explique le parlementaire qui énumère quelques points essentiels pour maîtriser la situation dans cette wilaya. Selon lui, l'Etat doit être présent en force par le biais d'un renfort des brigades d'intervention. « Les pouvoirs publics doivent rapidement trouver le moyen de dégager une représentativité crédible de la société civile qui puisse agir en cas de conflit et qui doit être respectée par la population », ajoute-t-il. L'autre point essentiel auquel est arrivée l'enquête du parlementaire : la non-séparation des deux communautés quand il s'agit de l'attribution des logements. « Les deux communautés doivent cohabiter et vivre ensemble sans verser dans l'aspect ethnique ou régionaliste », estime le parlementaire. Du côté du FFS, on appelle à l'envoi d'une délégation parlementaire pour enquêter sur les événements de Ghardaïa. Lors de son déplacement la semaine dernière dans cette wilaya, le premier secrétaire du parti, Ahmed Betatache, qui avait rappelé que « le rôle que peut jouer aujourd'hui chaque Algérien est d'arriver à instaurer le calme dans la région », a estimé que ces événements sont dangereux pour la stabilité du pays. De ce fait, il a jugé nécessaire de dire toute la vérité aux citoyens sur ces incidents. Le Rassemblement national démocratique a appelé toutes les forces nationales (partis politiques et société civile) à « consolider la tendance favorisant l'unité nationale, la stabilité et la sécurité ». Dans le communiqué final de son conseil national, il dit « apprécier hautement » le dialogue adopté « comme instrument optimal pour rapprocher les points de vue et barrer la route à tous ceux qui veulent porter un coup à la stabilité de la région ». « La main étrangère » Au Parti des travailleurs, on soutient mordicus que ces événements ne sont que le résultat d'un complot étranger contre la sécurité nationale. Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti, a, d'ailleurs, lancé un appel au ministre de l'Intérieur pour diligenter une enquête qui permettra l'identification des commanditaires du conflit. Elle a aussi un doigt accusateur vers notamment deux ONG américaines (NDI et Freedom House), les considérant comme étant à la source des troubles de Ghardaïa. Pour sa part, le MSP, qui se prépare à envoyer à Ghardaïa une autre délégation, à sa tête le leader du parti, Abderrezak Mokri, pour rencontrer encore une fois les deux communautés, a estimé que le l'Etat doit assumer ses responsabilités envers cette région. « La situation devient de plus en plus critique. Nous estimons qu'il faut provoquer une rencontre entre les deux communautés en conflit pour essayer d'apporter une solution durable à cette crise récurrente. Ce conflit a laissé des séquelles, et c'est au gouvernement de prendre ses responsabilités pour trouver des solutions qui arrangeraient les deux parties », a observé le chargé de communication du parti, Farouk Tifour. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) estime, lui, dans un communiqué, qu'« à Ghardaïa comme à Guerrara et à Berriane, ce ne sont pas des jeunes exacerbés par le mal de vivre qui se révoltent, il s'agit plutôt de l'acharnement d'un groupe de malfaiteurs contre une communauté ». Dans sa lecture politique des événements de Ghardaïa, le RCD observe qu'il faudra aller vers une régionalisation qui prendra en compte les spécificités de chaque région afin d'agir dans plusieurs sens, à savoir économique, social et culturel pour pouvoir venir à bout de ce conflit.