Lancé à Addis-Abeba, le second cycle de négociations, reporté à la dernière minute, n'a pas tenu toutes les promesses de règlement politique enlisé dans la guerre ethnique. Plus de deux semaines après le précaire cessez-le-feu, contracté le 23 janvier, les divergences persistent entre les deux belligérants qui s'accusent mutuellement de violation de l'accord et de la reprise des combats. Deux gros écueils minent le processus de négociation, laborieusement entamé depuis une vingtaine de jours. Il s'agit du sort des 4 personnalités encore détenues, après l'élargissement des 7 de leurs collègues, dont Washington a exigé la remise en liberté pour « renforcer la confiance dans un processus de réconciliation ». Juba ne veut pas céder. Elle entend juger les responsables de la rébellion, notamment Machar Rick, accusés de tentative de « coup d'Etat ». En outre, la présence des troupes étrangères a alourdi les séances préliminaires censées participer à la promotion du « dialogue et de la réconciliation nationale ». Elle a été condamnée par les Etats-Unis et l'Ethiopie, appelant au « retrait progressif des forces étrangères » et redoutant une « régionalisation du conflit ». L'option d'un déploiement des observateurs, chargés de faire respecter la trêve, est sérieusement envisagée par un groupe précurseur de 14 personnes de l'Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement) qui assure la médiation africaine. A ses premiers balbutiements, l'espoir de paix se fait plus évanescent que la trêve rompue aussitôt conclue. De nombreuses violations ont emmaillé un cessez-le-feu dans cette guerre de leadership muée en génocide. Tout reste pratiquement à faire. D'autant que, sur la table de négociations, le plus dur reste à venir : le remplacement de Salva Kiir par une « personnalité indépendante » pour conduire la transition jusqu'aux élections générales de 2015, jugé inacceptable par les autorités sud soudanaises, le statut du SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan) que s'approprient les deux belligérants et la nature des institutions nationales... Les exigences, formulées par le porte-parole de la rébellion, Yohanis Musa Pouk, ont été rejetées par le médiateur en chef de l'Igad, Seyoum Mesfin, dénonçant la volonté de « prendre en otage la population et la nation ». Les conditionnalités du camp Machar, considérées par l'Igad comme une violation de l'accord de cessez-le-feu, démontrent clairement que le chemin est encore long pour une paix définitive. Cette situation inquiète la communauté internationale. Elle a incité le Conseil de sécurité à tenir des consultations, alors que la Minuss (Mission des Nations unies au Soudan du Sud), présente sur le terrain, a appelé à un dialogue politique sans exclusive. Lors d'un point de presse tenu à New York, un porte-parole de l'ONU a indiqué que « la Minuss souligne la nécessité de la poursuite sans délai du dialogue politique national afin de conclure un accord de paix total, avec la participation de tous les éléments de la société sud soudanaise ». Un pari pour le moment audacieux.