Bamako enclenche le processus de la réconciliation nationale. Des représentants membres de la communauté touareg, du gouvernement malien et de la Minusma, la force de l'ONU, ont entamé, jeudi, à Bamako, des rencontres préparatoires à des négociations de paix. Objectif : trouver une issue au conflit qui perdure dans le nord du pays occupé par des groupes terroristes depuis mars 2012. Selon la presse malienne, un document intitulé « Eléments de la feuille de route de sortie de crise » fixe un « calendrier des actions conjointes gouvernement malien-Minusma préparatoires aux pourparlers inclusifs de paix » incluant les groupes armés et non les groupes terroristes « djihadistes », alliés à al Qaïda, actifs sur le terrain. Deux « ateliers » de travail ont commencé hier. Le premier porte sur le cantonnement et le processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR). Le deuxième porte sur la réinstallation de l'administration et des services sociaux dans les trois régions du Nord (Gao, Tombouctou et Kidal). Ces « ateliers », dit-on, seront suivis d'une rencontre élargie à « la mobilisation et l'implication de la société civile ». Dans un délai non précisé encore, « des pourparlers inclusifs de paix », rassemblant tous les groupes armés du Nord, la société civile et le gouvernement malien, devraient suivre. Précision des auteurs de cette feuille de route : ces « pourparlers inclusifs » ne débuteront pas sans l'engagement de discussions avec le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et l'adhésion de ce mouvement aux grandes lignes contenues dans un document qui serait signé au préalable par les autres groupes armés. Mission quasi impossible. Le MNLA veut une forme d'autonomie, comme l'a rappelé avant ces pourparlers Mohamed Djéri Maïga, son vice-président : « Nous allons demander l'instauration d'un Etat fédéral, il nous faut une autonomie. » Bamako propose une « décentralisation poussée ». Parallèlement à ces « négociations avec les groupes armés » et « les autres composantes des régions du Nord », pour reprendre l'expression de Cheick Oumar Diarrah, ministre malien de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord, « la commission vérité, justice et réconciliation », dont la création a été annoncée en mars 2013, débutera ses travaux cette semaine. Mission : rechercher la réconciliation entre toutes les communautés maliennes par le dialogue. Pendant trois ans, elle aura à établir la cartographie de tous les crimes commis au Mali, organiser le retour des réfugiés, faire en sorte que les auteurs des violences soient répertoriés et punis et que la réparation soit faite aux victimes. Fait notable, ce processus a commencé dix jours après la visite au Mali d'une délégation du Conseil de sécurité. Gérard Araud, l'ambassadeur français aux Nations unies, qui a conduit cette délégation, affirme avoir constaté à l'issue de cette visite « la volonté d'aller de l'avant » des groupes armés qui « veulent négocier » et « se placent dans le cadre de la souveraineté du Mali ». Le président Keïta, qui a souhaité que les Maliens reprennent la main de ces pourparlers de paix et négocient chez eux, doit s'estimer heureux. Surtout s'il arrive dans sa quête d'une paix globale à « noyauter les groupes armés par des acteurs civils du Nord ».