Les quinze membres du Conseil de sécurité ont rencontré, dimanche dernier, à Bamako, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, le président de l'Assemblée nationale, Issaka Sidibé, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et chef de la Minusma, Albert Koenders et à Mopti, des représentants des groupes signataires de l'accord préliminaire de Ouagadougou et des représentants de la société civile de Gao et Tombouctou, mais pas de Kidal, zone de l'extrême nord-est touchée par l'insécurité. Selon Gérard Araud, l'ambassadeur de France aux Nations unies et chef de cette délégation, cette visite a deux grands objectifs : soutien à la stabilisation du Mali, action de la Mission des Nations unies et déblocage des obstacles à la mise en place d'un dialogue national inclusif entre les deux parties pour une solution durable au Nord. Initialement prévu pour débuter au mois de novembre, le dialogue est bloqué : le gouvernement veut un cantonnement ou un dépôt des armes des rebelles au préalable. Ces derniers considèrent que c'est lors du dialogue que ces questions doivent être réglées, conformément à l'accord de Ouagadougou, signé en juin 2013 par les deux parties. « Pour nous, c'était une mission d'écoute et de terrain » avancent les responsables de la délégation onusienne. Gérard Arault se montre plus optimiste. Après une entrevue avec le président Keïta, qui est « dans une logique de dialogue et non de confrontation », il affirme que « nous avons été pleinement rassuré que le président malien veut tirer la leçon des échecs précédents, une paix pour toujours et un dialogue inclusif totalement malien incluant tous les Maliens et pas seulement les groupes armés ». « La feuille de route de négociations sera publiée dans les jours à venir », ajoute-t-il, oubliant que le Mouvement national de libération de l'Azawad, qui veut s'arroger l'exclusivité de la représentativité des populations du Nord, refuse de négocier avec le gouvernement à Bamako. « Nous (les) avons félicités pour l'intervention (militaire) étrangère au Mali, avant de poser nos problèmes », déclare Moussa Bocoum, membre de la société civile de Mopti. Parmi ces problèmes : le déploiement de troupes au Nord du Mali où règne toujours l'insécurité. « Il faut que l'armée malienne et les troupes de la Minusma se déploient dans ces zones », dit-il. Le Conseil de sécurité, qui a déployé, fin 2013, 5.539 soldats, pose une condition avant de porter ses effectifs aux 11.200 autorisés : la relance d'un processus de paix en berne. A Bamako, on se demande déjà quelles sont les concessions qu'IBK pourrait accorder aux membres des groupes armés ? Outre la réinsertion socio-économique, certains évoquent une partie des milliards promis par les donateurs internationaux. Autre problème : les groupes armés s'accrochent à l'autonomie. Une revendication qu'IBK balaie d'un revers de la main. « Tout est négociable, sauf l'indépendance ou l'autonomie », dit-il optant pour une décentralisation poussée.