Les boulangers semblent redouter l'installation, un peu partout sur le territoire national, de boulangeries industrielles. Dans une conférence de presse tenue hier au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), ils ont exprimé leur crainte de voir ces unités industrielles de pain tuer leur commerce. « La production d'une boulangerie industrielle est équivalente à celle de 200 boulangeries artisanales. Elle n'emploie que 50 personnes au maximum alors que les 200 boulangeries artisanales en emploient 1.000 en moyenne. C'est pour dire l'impact de ces usines sur le chômage », a indiqué le président de la Commission nationale des boulangers, Abderrahim Boudah. En outre, la qualité du pain industriel, certes vendu à 7 DA la baguette, laisse à désirer. M. Boudah remet en cause le principe même de ces usines à pain. Car selon lui, l'argument selon lequel, elles ont été créées pour compenser un déficit en pain n'est pas valable. « De quel déficit parle-t-on ? Ce n'est pas le pain qui manque. Il n'y a qu'à voir les quantités de pain que les familles algériennes jettent tous les jours », précise-t-il. Autre argument : la création de boulangeries industrielles ne fera qu'augmenter le volume des importations de farine, fait remarquer le représentant des boulangeries de Bejaïa, Hocine Hadjout. D'ailleurs, la subvention de cette matière semble être à l'origine des problèmes des boulangeries. C'est l'avis du porte-parole de l'UGCAA, Hadj-Tahar Boulenouar. Selon lui, les pouvoirs publics devraient réviser leur politique de subvention qui sert plus les producteurs étrangers, les importateurs et les transformateurs que les consommateurs. « Au lieu de subventionner des produits alimentaires, le gouvernement devrait peut-être attribuer des aides financières pour l'achat des produits alimentaires de première nécessité aux familles nécessiteuses. Ainsi, nous garantissons que les subventions vont directement aux consommateurs », explique-t-il. Les boulangers appellent, également, à l'annulation des subventions de la farine. C'est ce qui leur permettra de fixer librement le prix du pain en définissant une marge bénéficiaire plus conséquente. Car leurs marges actuelles sont faibles, selon eux. Cela, d'ailleurs, fait partie de leurs revendications, soumises, hier, au ministère du Commerce par la Commission nationale des boulangers. Cette dernière fera savoir que si leurs problèmes ne sont pas réglés d'ici la fin de l'année, 5.000 boulangers mettront la clé sous le paillasson. « Cela fait une année que nous avons remis l'étude sur le prix de revient du pain à la tutelle. Jusqu'à présent, rien n'a changé. On nous a dit que cette étude, qui impliquerait plusieurs ministères, est actuellement sur le bureau du Premier ministre. Depuis 1991 que nous attendons un changement, on nous fait encore attendre », conclut M. Boulenouar.